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Cependant, même munis de leur système radar, les Anglais
LA MAIN CACHEE eurent du mal à faire face à l’agression allemande. Des vagues envoyèrent dès le lendemain soir une escadrille de bombardiers sur
Berlin.
incessantes de bombardiers et d’avions de combat nazis, ayant
Cette nuit-là, seule la moitié des quatre-vingt-un bombardiers
généralement une épaisseur de trois niveaux, pilonnèrent sans
de la RAF atteignirent leur cible, et aucun Berlinois ne fut tué.
relâche des convois dans la Manche, bombardèrent les aérodromes
Cependant, ce raid eut un effet psychologique dévastateur sur les
et les principales stations radars au sol, dans le but de porter un
Allemands. En effet, Goering avait solennellement promis à son
coup fatal à la RAF. Les pilotes anglais résistèrent courageusement,
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mais dès la mi-août, la Luftwaffe intensifia ses attaques en
voilà que l’inconcevable s’était produit. La capitale allemande avait
bombardant les cibles les plus stratégiques d’Angleterre. Assez peuple qu’au grand jamais Berlin ne serait la proie des bombes. Or
bel et bien été attaquée.
rapidement, la RAF fut à bout de souffle et les pilotes
commencèrent à manquer. Les Anglais formèrent alors au combat Bien que furieux, Hitler ne riposta pas immédiatement. Mais
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leurs jeunes âgés de 18 ans, et les envoyaient sur le front au bout lorsque les bombardiers de la RAF eurent frappé Berlin à quatre
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d’une période d’entraînement de dix heures, ce qui était largement reprises supplémentaires, il opta pour une nouvelle stratégie.
insuffisant. Bon nombre de ces jeunes pilotes moururent avant Plutôt que de continuer à pilonner des cibles militaires, il allait s’en
d’avoir appris à se battre. Au fur et à mesure que le mois d’août prendre aux civils. Le 4 septembre, il annonça son plan aux
avançait, Goering était de plus en plus confiant. Il assura à Hitler Allemands : « À chaque fois que la British Air Force lancera deux
que pour mener à bien l’opération « Lion de Mer », il suffisait de ou trois mille kilos de bombes, vociféra le commandant militaire
quelques jours supplémentaires d’attaques intensives contre la nazi avec force gesticulations, nous leur enverrons la nuit
RAF. même 150, 230, 300 ou 400 000 kilos de bombes […] Et s’ils
intensifient leurs attaques sur nos villes, nous raserons les leurs ! »
Ce discours fut accueilli par un tonnerre d’applaudissements.
· Le coup du sort Mais cette décision lui coûta la Bataille d’Angleterre, et finalement,
la guerre.
C’est alors que juste au moment où la situation semblait la plus Le bombardement de l’Angleterre débuta le 7 septembre. La
désespérée, un « coup du sort » bouleversa le cours de la bataille – Luftwaffe déploya plus de mille avions (625 bombardiers et 648
et de l’Histoire. avions de combat) au-dessus de Londres. Ils survolèrent la Tamise
Les ordres de la Luftwaffe étaient très clairs : les avions devaient en lâchant leurs explosifs. Des centaines de personnes furent tuées,
détruire les bases et les arsenaux militaires de l’Angleterre, mais en des milliers d’autres blessées et des dizaines de milliers de civils se
aucun cas bombarder Londres par crainte de représailles sur les retrouvèrent sans-abri. Des quartiers entiers de la capitale anglaise La bataille d’Angleterre
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villes allemandes. Or, dans la nuit du 24 août, une escadrille de furent la proie des flammes. L’assaut se poursuivit pendant
bombardiers s’égara. Ignorant qu’ils survolaient Londres, ils cinquante-sept terribles nuits consécutives, avec en moyenne deux
lâchèrent leurs bombes, faisant exploser des habitations et tuant cents bombes envoyées par raid. 6
des civils. En guise de représailles, les Anglais scandalisés Malgré la situation, les Anglais gardèrent un sang-froid
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