Page 33 - AQMAT Magazine Été 2024
P. 33

  Kevin Morin, directeur général, Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ).
   Gestion
    Impact sur les coûts et la paperasse
Éco Entreprise Québec aura donc à gérer ces 2 millions de tonnes de matière, mais le tout sera entièrement financé par les entre- prises commerciales. Et on s’attend à ce que les frais et la pape- rasse augmentent.
«Déjà, dans la collecte résidentielle, les coûts augmentent, car on gère des coûts de palette, des coûts de prix du recyclage, des coûts de collecte incluant les camions, l’essence, les employés, rappelle M. Cantin. Ces coûts se sont accrus au cours des der- niers 18 mois, beaucoup plus que l’inflation. »
On observe en effet des augmentations de 15, 20 ou même 30 % dans le milieu dépendamment de la taille de la municipalité et de l’importance du client.
«Avec l’agrandissement des responsabilités pour le secteur commercial c’est sûr que ça va faire augmenter les coûts. Mais on va aussi avoir beaucoup plus de joueurs qui vont payer pour ça, car on élargit la tarte de ceux qui vont payer. »
En ce moment, les frais qu’une entreprise doit débourser en écofrais représentent, selon la spécialiste Marlène Hutchinson, «moins de 1 % de son chiffre d’affaires. Ça peut paraitre une grosse facture, mais en réalité, c’est minime. »
Les quincailliers vont se faire dicter les modalités de la collecte
Le Conseil des entreprises en technologies environne- mentales du Québec (CETEQ) travaille en collabora- tion avec ÉEQ dans le chantier de modernisation de la collecte sélective. Kevin Morin, directeur général de l’organisme, invite les quincail- liers à se faire entendre pour s’assurer que le modèle d’affaires qui sera appliqué leur
convienne.
«En ce moment, ce sont les détaillants qui paient pour la collecte, mais dans le cadre de la modernisation, ils n’auront plus à payer pour ce service; ce sont les producteurs qui assumeront la facture. Concrètement, cela signifie que les quincailliers risquent de se faire dicter les modalités de la collecte et de perdre le service
personnalisé. »
Le CETEQ rappelle que la majorité des quincaillers ont déjà un contrat de collecte avec une entreprise privée qui se présente une à trois fois par semaine, selon leurs besoins. Sous le nou- veau régime, ÉEQ prendra le contrôle de la matière et déterminera l’ensemble des paramètres de la collecte : journée, heure, type de conteneur et de camion.
« On tente de voir comment ce service personnalisé peut se pour- suivre, mais si l’objectif ultime est de récupérer le plus de matière possible, les quincailliers risquent d’être désavantagés», avance M. Morin. »
Des emballages verts pour éviter les pénalités
Dans un système qui lie l’entreprise qui met en marché des embal- lages à la facture que représente leur élimination, les producteurs qui optent pour l’écoconception de leur emballage auront peu ou pas de pénalité à payer.
«L’objectif est que le producteur emboîte le pas et réflé- chisse à des produits davantage recyclables parce qu’à la fin ça va favoriser le recyclage et non l’élimination», résume Kevin Morin de la CETEQ.
Mais ne se lance pas dans l’écoconception des emballages qui veut, met en garde Marlène Hutchinson.
«En matière d’emballages, plusieurs actions sont malheureu- sement mal réfléchies. Le conseil que nous donnons à nos clients est le suivant : parlez-nous avant de faire ces actions-là! De plus, c’est un long processus de changer un emballage : une fois qu’il est conçu, c’est toute la chaîne d’approvisionnement qu’il faut modifier pour le produire. »
          ÉTÉ 2024 • AQMAT MAGAZINE 33














































































   31   32   33   34   35