Page 47 - AQMAT Magazine Été 2020
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«Plus facile à dire qu’à faire», se défend Célie Cournoyer, directrice des opérations de «Bien fait ici». Explications.
Sur le plan technique, tous les produits devront afficher la codification universelle (CUP ou UPC en anglais), peu importe les numérotations modifiées que leur attribuent les bannières. C’est ainsi qu’on les repérera et qu’on attirera aussi la clientèle professionnelle (architectes, designers, ingénieurs, entrepreneurs, etc.), habituée à une telle nomenclature.
Autre point technique incontournable, l’inventaire des points de vente physiques associés à la démarche devra être connecté en temps réel au stock disponible apparaissant sur la plateforme virtuelle.
Sous un angle, disons, plus politique, aucun manufacturier listé chez une ou plusieurs des bannières majeures en quincaillerie ne mettra à risque son réseau traditionnel en se positionnant sur le web comme une entreprise qui vend directement aux consommateurs. Comme on dit, on ne lâche pas la proie pour son ombre.
Les ventes en lignes, certes, progressent en ce moment à des pourcentages de croissance frôlant les 100%, mais remettons les choses en perspective: avant la pandémie, dans notre marché, le cybercommerce dépassait à peine 5% des ventes totales. Donc, il ne s’élève aujourd’hui en moyenne qu’à 10 %.
Pour dorer la pilule et inciter les groupements d’achats à s’engager dans le nouveau programme ou du moins, à ne pas lui nuire, le système devra accorder aux bannières leur habituel pourcentage.
Enfin, le mode de livraison doit clairement avantager la cueillette en quincaillerie afin de générer non seulement des revenus pour ces dernières, mais aussi de l’achalandage.
«L’AQMAt ne peut être associée à une initiative qui pourrait nuire aux intérêts des marchands membres», insiste Richard Darveau. Le président et chef de la direction rappelle que l’association appartient à ses membres et 80 % d’entre eux sont des propriétaires-marchands de quincailleries et de centres de rénovation. Partant, « je rassure tout
le monde, le projet comporte une condition sine qua non, celle d’aider nos détaillants à s’inscrire dans ce mouvement de ferveur que le commerce en ligne connaît ».
Enfin, même si le concept répond à toutes les caractéristiques énumérées et bien d’autres, il doit être assis sur de solides fondations financières afin de se faire connaître. L’ultime condition de son succès dépend donc d’un coup de pouce du gouvernement du Canada afin de compter sur un budget de marketing et de développement technologique suffisant pour lancer avec succès les trois premières années.
«En toute transparence face aux membres de l’AQMAt et aux partenaires de « Bien fait ici », il faut choisir la bonne fenêtre de temps pour soumettre officiellement le projet à l’analyse de la machine fédérale », indique M. Darveau. « Or, toute la fonction publique et la classe politique sont occupées – et préoccupées – par la COVID-19. Soyons patients et indulgents, le bon moment viendra », promet-il.
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Dossier pandémie
Accélératrice de changements
Selon Richard Darveau, à la fois dirigeant de l’AQMAT et initiateur
du programme « Bien fait ici »,
il existe au pays « peu de filières peuvent revendiquer un projet de type Amazon, mais sectoriel, outre l’agro- alimentaire et le nôtre ». Ailleurs,
la délocalisation et la sous-traitance internationale ont pris une telle place que trop peu de produits en boutiques de vêtement, en articles de sport,
en pharmacie ou dans l’automobile peuvent satisfaire le « Fait au Canada » pour constituer un bon volume ».
Tenter seul d’attirer des acheteurs dans l’ombre de ces géants coûte cher en temps
et en argent. En revanche, plus de 100 manufacturiers offrant des milliers de produits dans un secteur spécifique comme le nôtre et reliés sur 2 000 points de vente physique peut rendre plus gérables les risques inhérents à tout projet.