Page 51 - AQMAT Magazine Été 2020
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Ceci dit, pour certains marchands, les ventes Internet ont pu atteindre jusqu’à 10% des ventes totales durant le confinement, mais elles sont fortement retombées depuis. Internet devrait avoir une part de marché en quincaillerie de moins de 5% après le confinement, sans doute environ 3-4%. En quincaillerie, Internet sera toujours moins important que dans les autres types de commerces.
Il faut toutefois le dire, la profitabilité des opérations Internet n’est pas au rendez-vous. Les magasins physiques restent nettement plus rentables. C’est normal, Amazon a mis près de 20 ans avant de faire des profits!
un confinement
qui profite aux grands
En revanche, c’est clair que les gros joueurs en commerce en ont profité pour devenir plus gros – les Walmart, Costco, Amazon, Dollarama, Canadian tire vont en sortir plus fort et en très bonne position. Ces commerçants ont aussi eu des conditions idéales pour se développer durant le confinement, car ils n’ont pas eu à fermer leurs portes. Ça veut dire aussi que la part de marché que ces détaillants ont en quincaillerie devrait lentement augmenter.
Il y aura accélération des faillites et des consolidations dans le commerce de détail chez les plus faibles, sans liquidité et ceux qui auront moins investi dans une stratégie omnicanale incluant Internet. C’est déjà commencé: Reitman’s, Aldo, Sail, etc. Un sondage récent de la firme Colliers montrait que 10% des commerces au Canada envisageaient de fermer
leurs portes, dont 92% sont des commerces indépendants. Donc moins de compétiteurs, mais de plus gros joueurs. Les meilleurs vont rester et croître. Mais comme les plus fragiles vont fermer des magasins, on devrait donc voir de plus en plus de locaux vacants dans les grands centres commerciaux, les mégacentres et sur les rues commerciales.
On a bien parlé d’une tendance à revenir vers l’achat local, à privilégier les commerces près de la maison. Cette tendance, cependant, a tout d’un feu de paille. En fait, comme le promeut l’AQMAt, on va probablement acheter plus de fait au Québec ou au Canada (contre le made in China), mais il est peu probable qu’il y ait un grand retour marqué vers le petit commerce local.
Dans tous les cas, ce que cette crise sanitaire majeure aura montré est que la raison d’exister des détaillants est de tout faire pour que le produit soit dans les mains du client, le plus vite possible. Il faut par tous les moyens faciliter le processus d’achat. Sinon quelqu’un d’autre va s’en charger. Simple, non ? Le client veut avoir facilement et rapidement le produit en main, peu importe ce qui se passe dans le monde. Ceux qui n’ont pas incorporé de stratégie Internet efficace doivent maintenant s’en mordre les doigts.
avenir des pieds carrés
Est-ce que l’augmentation du commerce en ligne va faire réduire les espaces nécessaires des quincailleries ? Les raisons invoquées plus haut montrent que non.
Bien sûr, cette pandémie nous révèle qu’avoir un volet Internet efficace est maintenant nécessaire. Sinon, c’est Amazon et Wayfair qui vont le faire. Mais en quincaillerie, les magasins sont là pour rester, et selon nous, ils vont rester de la même taille.
Il en faut de la place pour montrer tout ce saisonnier. Et de toute façon, il est généralement assez difficile de réduire la taille d’un magasin !
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Dossier pandémie
Accélératrice de changements
Note de la rédaction : soulignons que 95 % des quincailleries et centres de rénovation du Québec sont situés dans les locaux indépendants de centres d’achats et dont les opérateurs sont propriétaires des lieux. De ce fait, l’argument voulant qu’on puisse réduire la taille d’un magasin s’applique moins dans notre secteur que dans tout autre.