Page 89 - AQMAT Magazine Été 2021
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 Téléjournal de Radio-Canada
avec Patrice Roy
«Il faut distinguer le bois des autres matériaux. Les scieries ont des prix qui font plus leur affaire aujourd’hui et il faut dire qu’elles ont connu de très mauvaises années pendant deux décennies. Avant, c’était peut-être sous leur prix de revient. Aujourd’hui, elles-mêmes conviennent que les prix sont peut- être un peu forts. Vers un plus juste prix, je pense que c’est vers là qu’on s’en va.
Nous on est d’avis qu’on doit sécuriser nos approvisionnements. Je pense que le bois, on devrait l’élever à un niveau de bien commun. C’est tellement essentiel et en particulier pour soutenir la relance que l’on souhaite, une fois la vaccination complétée. On demande au gouvernement de s’asseoir avec l’ensemble des joueurs, dans l’urgence, pour convenir de mécanismes qui permettraient de sécuriser nos besoins en bois en particulier.
C’est très positif de demander d’être en contrôle de certains produits clés. On a peut-être trop délocalisé certains com- posants clés qui font que des usines ne tournent pas dans certains secteurs névralgiques, dont la peinture, les portes et fenêtres, la colle.
On se rend compte qu’on est vulnérable par rapport aux crises sociales, mais aussi aux changements climatiques, comme on l’a vu avec cette vague de froid au Texas à la mi- février qui a gelé la production et on en souffre encore ici. Par exemple, en peinture, on avait deux usines de titane, mais on ne les a pas appuyées ni accompagnées et elles ont fini par nous quitter.
La pandémie nous fait réfléchir peut-être en grappes, pour employer une expression chère à Gérald Tremblay. On doit revoir la notion de fidélité entre clients et fournisseurs. On doit penser à des circuits courts par région et par secteur économique. Il faut arrêter de croire parce qu’on économise quelques sous noirs en délocalisant un composant au bout du monde qu’on se rend service.»
Émission Zone économie
avec Gérald Filion à RDI
« La promotion de l’achat local n’a rien à voir avec les règles internationales. Si on pousse un tel programme à l’échelle du Québec, dans un secteur comme celui du bois, on pourrait proposer des avantages fiscaux ou des rabais aux consommateurs et aux entrepreneurs qui privilégient le bois québécois dans leurs projets.
La stratégie nationale du bois rendue publique avant décembre par le ministre Dufour ne fait pas de lien entre l’augmentation des coupes que certains demandent et la satisfaction des besoins de l’industrie québécoise de la construction et de la rénovation. Il n’y a pas de mesures encourageant les circuits courts afin que l’industrie québé- coise de la construction travaille main dans la main avec les cours à bois des régions. On a une belle occasion avec le bois, qui est un des plus beaux symboles de la nation. Dans certains pays européens producteurs de bois, on s’assure que certains besoins essentiels domestiques soient satisfaits avant de permettre l’exportation. Cela s’appelle satisfaire le bien commun.
La présidente du Conseil du Trésor, Sonia Lebel a révélé à certains médias que si les prix restent élevés, elle pourrait intervenir. Il y a peut-être une mesure d’urgence à adopter pour faire en sorte qu’on soit tenté de ne pas reporter nos travaux en raison des prix trop élevés. Il ne suffit pas de pro- poser aux fabricants de bois des prix moindres, mais d’aider le consommateur et l’entrepreneur à faire face à ces prix élevés. De façon plus permanente, on pourrait imaginer une forme de coopérative d’achat ou l’ensemble des cours
à bois, toutes bannières confondues et plusieurs producteurs forestiers dans les différentes régions, pourraient s’entendre sur le juste
prix et fournir les bonnes quantités et les
bons matériaux au bon moment. Ce n’est pas ce que nous vivons présentement. »
Dossier de presse
ÉTÉ 2021 AQMAT MAGAZINE 89


















































































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