Page 31 - AQMAT Magazine Hiver 2024
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 Conflit entre générations et bris du contrat social
    La démission silencieuse et la disparition soudaine sont, selon les spécialistes, le reflet d’un conflit générationnel et la preuve d’une rupture du contrat social qui prévaut tacitement depuis des décennies.
Certains situent l’apparition de la démission silencieuse dans les années 1990, alors que les grandes entreprises priorisant la maximisation de l’avoir des actionnaires provoquaient des vagues de mises à pied. Les employés auraient alors compris que face à la non-loyauté des employeurs, ils avaient toujours le loisir d’être minimalement engagés envers l’organisation.
On souligne également que les notions de travail et de salaire n’ont pas la même importance pour les travailleurs d’aujourd’hui issus des générations Z et Y.
«Autrefois, le travail permettait de garantir un salaire et le fait d’y être heureux était secondaire, rappelle Susie St-Onge. L’en- tente tacite était : tu me paies, je me réalise dans mon travail et en contrepartie, je m’engage à être présent pour effectuer mes tâches. Aujourd’hui, beaucoup de gens arrivent sur le marché du travail avec la perception que leur emploi doit les rendre heu- reux et ça c’est une grosse nuance parce que l’employeur n’a pas ce pouvoir-là. »
«Des gens arrivent sur le marché du travail avec la perception que leur emploi doit les rendre heureux »
– Susie St-Onge
On constate aussi que les plus jeunes — 20 à 35 ans — voient leur patron idéal comme un coach de vie; quelqu’un qui va les guider dans leur cheminement professionnel, mais aussi dans leur cheminement émotionnel.
«Mais la réalité c’est que nos entreprises, nos gestionnaires ne sont pas formés pour ça et ils n’ont jamais été exposés à ce type de coaching, poursuit Susie St-Onge. C’est ce déca- lage entre les attentes de l’employé et la capacité du gestionnaire qui détruit le contrat social émotionnel sous-jacent entre employé et employeur. »
Une crise et une occasion
de se démarquer de la concurrence
Susie St-Onge est présidente de la firme Ephemax spécialisée en gestion pour la rétention d’employés. Également partenaire de l’Équipe Capital RH
de l’AQMAT, elle agit comme consultante pour l’amélioration des fonctionnements opérationnels en entreprise.
  Clairement, les employeurs font face à une crise. Mais l’occasion est belle pour les patrons de prendre le temps de se questionner et d’identifier les ajustements possibles dans les lieux de travail pour s’harmoniser avec les jeunes générations. D’autant plus que la pénurie de main-d’œuvre risque de sévir pendant encore une décennie, au moins.
«Les notions de loyauté et de fidélité à l’employeur, ça n’existe plus du tout; les plus jeunes sont beaucoup plus axés sur leur bien-être, leurs besoins, leur équilibre de vie, explique Kareen Joseph. Ils ne cherchent pas un contrat à vie avec un employeur parce que leur vie personnelle prend la priorité sur leur vie professionnelle. »
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