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BD

Margaux Motin

Bulles d’air Texte : Catherine Nerson

Illustrations : Margaux Motin

Biberonnée aux Schtroumpfs, nourrie aux romans caustiques de David Lodge,
l’illustratrice parisienne Margaux Motin a posé ses crayons et sa famille –
recomposée – en pleine campagne, non loin de Biarritz. Après sept années de
réflexion, la quadra à la verve dynamique vient de sortir un « vrai » album de
bande dessinée autobiographique, tout en autodérision, où les paysages basques
ont des allures de Myazaki. Portrait.

qui ressemble fort à ce qu’elles vivent. Devenue mettre en boîte. Sans oublier son style graphique,
une chroniqueuse efficace de notre ordinaire, des évoluant lui-aussi, laissant la part belle aux décors,
extraits de son site ont été compilés en albums, s’inspirant des paysages des films de Miyazaki
avec J’aurais adoré être ethnologue (2009), pour lesquels elle voue une véritable passion. Dans
La Théorie de la contorsion (2010), et puis Le Printemps suivant, les tons verts et bleus
La Tectonique des plaques (2013), dans lequel sont aussi omniprésents, comme dans Kiki la
elle évoquait son départ de Paris et sa vie de petite sorcière ou Mon voisin Totoro. Pour elle, le
jeune maman. Sept ans après son dernier ouvrage, Pays basque ressemble aux paysages de Ponyo
Margaux dévoile sa quarantaine récente dans un sur la falaise. Et c’est cette ambiance onirique
nouvel opus Le printemps suivant -Tome 1 Vent qu’elle a voulu insuffler dans quelques pages,
lointain sorti chez Casterman, où on la retrouve laissant libre cours à des scènes pastorales
installée avec son compagnon Pacco – lui aussi hyper détaillées qui viennent casser le rythme
bédéiste – et leurs deux filles, dans un petit coin d’un phrasé pétulant, souvent survolté. Des
de paradis quelque part au Pays basque. scènes qu’elle a bien voulu partager dans notre
magazine. En attendant la suite…
vant de devenir la célèbre illustratrice aux
plus de 330.000 abonnés sur Instagram, UN NOUVEAU DÉFI ARTISTIQUE
A Margaux était déjà une icône. Celle du
magazine Muteen, mensuel pour adolescentes ’est ici, entre campagne et océan, que Margaux Margaux Motin :
branchées pour lequel, en tant que rédactrice en a « entamé son processus de création ». Ce Le printemps suivant 1. Vent lointain.
chef, je lui avais demandé de se mettre en scène Cpremier véritable album de BD « conçu dans Editions Casterman. 150 pages, 20 euros.
au travers d’un dessin la représentant, accompagné les règles de l’art », comme elle aime le souligner, margauxmotin
d’un texte pour la rubrique « J’ai testé ». Elle avait ne s’appuie plus sur son blog, même si l’illustratrice
25 ans. C’était son premier job. Très vite, les reprend la version « fictionnelle d’elle-même » pour MargauxMotinillustratrice
lectrices ont adhéré à sa patte graphique et à son raconter ses joies et ses peines, ses angoisses et
langage drolatique. Et Margaux est devenue, en ses désirs. Là encore, au travers d’un dessin ultra
quelques mois, la mascotte du mensuel. De fil en expressif où elle met en scène son ego, son mec
pinceau, le « style Motin » a su séduire la presse et ses filles, elle narre sa vie de tous les jours,
féminine, la pub, Florence Foresti et les autrices croquant avec finesse et autodérision les rapports
du best-seller « La femme parfaite est une de couple, le quotidien avec ses enfants-ados.
connasse », avec lesquelles elle a collaboré. Mais Un « ton » à la dimension quasi ethnographique,
c’est avec son blog, créé en 2008, qu’elle rencontre à la manière de feu Claire Bretécher, renforçant
le plus de succès. Son truc : parler d’elle, de sa vie la proximité avec ses lectrices devenues, comme
de mère célibataire, de ses dérapages, ses doutes elle, des quadragénaires. Car c’est bien là la force
et ses névroses. Et forcément ça plait. Car ce qu’elle de Margaux Motin, avoir su accélérer la mue vers
évoque touche. Majoritairement des trentenaires un public adulte, épinglant les tics et les modes
qui s’identifient à cette « héroïne » d’un quotidien de notre époque, avec cette façon unique de se