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 32 SAUVETAGE #150
Golfe du Lion :
la Méditerranée rugissante
La Méditerranée, fidèle à sa légende, plate comme une limande... ou pas ! Sauveteurs en mer et plaisanciers aguerris n’ignorent pas que le golfe du Lion est d’humeur changeante et que ses coups de griffe sont redoutables. Texte et photos par MARJORIE BIRAN
Un paysage de carte postale. Cent kilo- mètres de côte entre Leucate, dans l’Aude, et Cerbère, dans les Pyrénées- Orientales. Le parc naturel marin du golfe du Lion est un terrain de jeu idyllique pour les plaisanciers, les plon- geurs, les kayakistes, les kitesurfeurs... Bref tout ce qui permet de profiter de ce joyau méditerranéen. Et quasiment au centre, le port de plaisance de Saint- Cyprien, le troisième d’Europe avec ses 2 200 postes à quai et... sa station SNSM, cinquante ans cette année, fort occupée en saison estivale.
Sa vedette de presque 12 mètres, Notre- Dame-de-Villerase, baptisée en février 2017, n’est pas là pour faire de la figu- ration. Exemples ? « Le 25 juillet, un peu avant midi, il faut récupérer un petit voi- lier de location avec quatre personnes à bord, mis en difficulté par un coup de vent, dans une mer qui commence à se former. À 16 h 30, c’est un 38 pieds qui démâte, victime d’une survente. Creux de 3 mètres, vent de sud-sud-est à 35 nœuds », détaille Jean-Luc Stoss, patron de la SNS 216.
Entre tramontane et marin, les plai- sanciers se laissent surprendre. En quelques minutes seulement, la Méditerranée, mer de la tranquillité, vire à la furie. « Ici, ça souffle trois cents jours par an et on a treize vents différents », plaisante Marc Level, patron suppléant.
« ON S’EST LAISSÉ SURPRENDRE... »
Autre intervention caractéristique de la dernière saison estivale, un violent coup de vent d’un quart d’heure en plein après-midi, le 8 juillet, de l’est-sud-est, et un bateau de 8 mètres sous voile qui chavire. Le plaisancier est repêché par un autre bateau, et quand la SNSM de Saint-Cyprien arrive sur zone, « on ne voit plus que la proue qui pointe hors de l’eau ». Avec l’intervention de deux nageurs de bord et le soutien d’une armée de pare-battages, l’équipage de la SNS 216 Notre-Dame-de-Villerase parvient à remettre le voilier à flot et à le remorquer.
Les récits des victimes sont tou- jours identiques : « On s’est laissé
surprendre... »
Même problématique à la station SNSM de Port-Vendres, dotée d’un canot tous temps. « Dans notre secteur, on a trois caps où les vagues sont très cassantes, le cap Béar, le cap Cerbère et le cap de Creus, qui sépare le golfe du Lion du golfe de Roses en Espagne. Celui-là, c’est un peu le cap Horn de la Méditerranée », explique le patron, Jean-Marie Boada, marin pêcheur de profession.
Et là aussi, le pire ennemi du plaisan- cier, c’est souvent le vent. Les épisodes de tramontane, dont la violence sur- prend, confèrent d’ailleurs au cap Béar le privilège de figurer parmi les lieux les plus ventés d’Europe, avec des pointes à 140 km/heure, sinon davantage.
BONNES RELATIONS
En août, à 1 mille au large de ce cap, Notre-Dame de Bonne-Nouvelle et son équipage ont dû secourir un catama- ran en difficulté avec quinze personnes à bord. Il y a eu aussi un voilier de course à 400 000 euros qui régatait
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