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L’abri du canot
de sauvetage reprend vie
Classé au patrimoine maritime et unique en France,
l’abri de l’antique canot Patron Émile-Daniel vient d’être restauré.
Étel
De l’extérieur, le bâtiment ne paie pas de mine. Un rectangle de béton posé sur le quai du port d’Étel (Morbihan). Mais, une fois poussée la porte, on comprend la raison de son classement au patrimoine maritime. Il abrite le mythique canot de sauvetage tous temps Patron Émile- Daniel, construit en 1960 au chantier Lemaistre-Frères à Fécamp (Seine- Maritime) et utilisé de 1962 à 2003.
« Sa coque est en bois moulé, insub- mersible et autoredressable », explique Alexandre Le Goff. Président de l’asso- ciation, il veille sur l’ancien bateau de sauvetage. Il en connaît tous les détails pour en avoir été le patron pendant qua- torze ans, après une riche carrière de marin pêcheur, en tant que comman- dant de chalutiers de pêche hauturière. « À l’origine, il était propulsé par deux moteurs Baudouin de 75 chevaux. En 1985, le canot a subi une refonte avec la mise en place de deux moteurs Renault
Couach de 140 chevaux et d’une timonerie fermée. » Ce canot, classé monument historique, continue de naviguer, grâce à une équipe de bénévoles, anciens sau- veteurs de la SNSM. « En 2019, durant les mois d’été, il a effectué seize balades sur la ria d’Étel, et participé à la Semaine du golfe du Morbihan. »
UNIQUE EN FRANCE
Pour conserver cette pièce de collec- tion dans de bonnes conditions, son abri, construit il y a soixante-sept ans, avait besoin d’une restauration, ren- due nécessaire par l’usure du temps. Un budget de 440000 euros a été dégagé par la Compagnie des ports du Morbihan, propriétaire du bâtiment, avec la participation de la commune.
« Nous avons réalisé la réfection des peintures intérieures, du plafond, le remplacement des ouvertures vitrées, et la restauration de la porte en tôle
basculante, qui permet l’entrée et la sortie du canot », détaille Alexandre Le Goff. L’abri est unique en France, car le Patron Émile-Daniel – de 20 tonnes – est mis à l’eau par un système de bossoirs, les mêmes dont on usait pour les chaloupes du paquebot France. D’apparence désuet au regard des techniques actuelles, ce système est terriblement efficace, car il suffit de sept minutes, montre en main, pour mettre le canot à l’eau.
Avec la restauration de l’abri du canot de sauvetage et, à proximité, de la glacière du port de pêche, c’est la cité portuaire, autrefois célèbre pour ses thoniers, qui retrouve son image d’antan.
FRANCIS SALAÜN
À l’intérieur de l’abri d’Étel, Alexandre Le Goff, président de l’association Patron Émile-Daniel, sur le pont du canot.
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© Francis Salaün
VIE DES SAUVETEURS