Page 12 - Islenska
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j’étais dans la ferme, je me sentais idiote et sur- tout nerveuse. À peine une minute plus tard, il revint accompagné de sa femme, portant tout le nécessaire à une partie de thé. La situation me paraissait totalement incongrue. Je me retrou- vais dans les méandres d’une énigmatique faille spatio-temporelle et on m’invitait à prendre le thé. Le thé ! Incroyable...
Dans un silence quasi religieux, le couple me proposa de m’asseoir. La femme servit le thé brûlant dans les tasses et l’homme balança une louche du contenu de la soupière dans les bols. Cela ressemblait à une sorte de yaourt blanc épais. En servant, il souffla un mot étonnant roulant les ‘r’. Je les regardais tour à tour, la femme avait le sourire jusqu’aux oreilles. Elle répéta avec le même roulement : ‘skirrr’. Je répondis alors au sourire et au ‘skirrr’ par un simple ‘merci’. Son visage se renfrogna légè- rement puis elle s’assit et empoigna sa tasse de thé. Le mari, lui, fouilla dans un tiroir et en sortit un carnet qu’il griffonna. Il tendit le pa- pier vers moi pour que je puisse lire les quatre lettres écrites en majuscules : ‘SKÝR’. En même temps, il montra le yaourt. Mon visage s’illumi- na de compréhension. Le skýr était en fait le nom de cet espèce de fromage blanc. Je reli- sais cet étrange mot en passant mon doigt sur chaque lettre. L’accent sur le ‘Y’ était si exotique que je me pris de passion pour le goût sucré et léger du skýr.
À chaque bouchée, je savourais ce mot plein de promesse. L’ambiance était détendue. Nous essayâmes d’échanger quelques mots, mais