Page 51 - Islenska
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fantomatiques, tantôt illuminés. Sur le trajet, la visibilité était souvent faible. Un épais brouillard donnait une atmosphère étrange aux routes en- tourées de montagnes. Un goût de mystère et de surnaturel découvrant quelquefois unique- ment le sommet de ces montagnes, donnant le sentiment qu’elles immergeaient de nulle part. À chaque instant, j’avais le sentiment qu’une créature merveilleuse pouvait surgir de cette sombre brume et m’ensevelir pour me perdre à jamais. L’ambiance était irréelle. Les fjords étaient incroyables de beautés, grandioses, ceints de falaises abruptes et transpirant de sé- rénité. Ils étaient pourtant ridicules comparés à ceux que je verrai plus tard dans le nord-ouest. De temps en temps, je rencontrais quelques duos ou trios de moutons. Libres et laineux. Vaquant à leur occupation de mouton islan- dais : profitant du grand air et se nourrissant d’herbe fraîche. Ils étaient robustes et beaux. Noirs, blancs, nuancés. Les cornes fières. Se- reins. Inaccessibles. Dès que je m’approchais un peu trop, ils trottaient dans une direction au hasard, méfiants et toujours restant unis dans leur clan. Tous jouaient se jeu avec moi. Tous, sauf un. Un qui ne partit pas quand je fis mine de vouloir l’attraper. Un qui me toisa, fier, splen- dide. Un bélier. Plus fort et plus inquiétant que les autres. Il me barrait la route. Droit sur mon chemin. Comme l’elfe Sigurjón dans le bois, le jour de notre rencontre. Ses cornes étaient plus longues, plus épaisses que celles des autres. Sa laine était plus broussailleuse, touchant presque le sol. Il semblait me défier, menaçant.


































































































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