Page 53 - Islenska
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À chaque fois que je l’apercevais de nouveau, il semblait plus gros que la fois précédente. Jusqu’à ce que je le perde de vue un très long moment. Dans cette jungle inattendue, ne vou- lant surtout pas me retrouver seule, j’accélérai le pas et me perdis. Prise d’affolement, je me dé- battais contre des herbes plus hautes que moi, bien plus hautes que moi. Une serpe m’aurait été utile. Je courais, dégageant les herbes au fur et à mesure, sans savoir où j’allais. Comme une dératée. Évidemment, à ce rythme, il ne me fallut pas longtemps pour tomber. Quand je me relevais, légèrement déboussolée et assommée, j’aperçus une sorte de mur mou, blanc terreux et surtout très velu. Je levais les yeux au ciel me disant que ce à quoi je pensais était impossible. Pourtant, un museau à l’haleine nauséabonde surgit. À peine le temps de confirmer que ce museau appartenait à mon bélier que sa gueule s’ouvrit sur moi, m’empoigna avec grâce et me propulsa dans les airs. La peur me tétanisa d’un seul coup. Était-ce ainsi que tout devait finir ? Ecrabouillée par un bélier géant ? Déjà je re- tombais. J’allais lamentablement m’écraser au sol. Ma vie défilait sous mes yeux, emplie de paysages islandais et des gens que j’aimais, laissés dans mon propre pays. La frustration de n’avoir pas réussi ma mission. J’imaginais la déception des elfes et la terrible destruction de l’Islande. C’était impossible. C’était décidé : je survivrai au choc et m’enfuirai aussitôt. Crispée, les yeux fermés, le choc au sol était imminent. Plus qu’un millième de seconde. Mes cris muets et impuissants. Quand je touchai le sol, je crus à l’instant de ma mort. Mais le choc attendu n’eut jamais lieu. Mes os n’ont pas été broyés. Je ve-