Page 54 - Islenska
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nais de retomber sur une surface moelleuse et garnie. Sans avoir le temps de réfléchir, je me faisais brinquebalée en tout sens, manquant de glisser à chaque soubresaut. Je m’agrippais tant bien que mal à ce que je pouvais, découvrant peu à peu que le tapis sur lequel j’avais atterri était le dos du bélier. Mais je réalisais surtout en observant le paysage que ce bélier n’était pas un géant, que c’était moi qui était devenue minuscule. Je n’avais aucune idée de ce qu’il se passait, ni où le bélier m’amenait. Ce qui était certain, c’est que je n’étais pas du tout rassu- rée. Le bélier se mouvait lentement, sûr de sa route, mais tout le long si sévère. J’entamais plusieurs fois une discussion stérile. J’abandon- nais mes monologues et me consacrai à l’études des environs. Nous traversions des champs, des montagnes et des canyons. Le bélier jouait les équilibristes au sommet de falaises impression- nantes, rasant les à-pics. S’il essayait de me terroriser, il y parvenait parfaitement.
Parfois, nous croisions quelques moutons. Ils bêlaient en apercevant le bélier, comme pour le saluer. On aurait dit que lui, de mauvaise hu- meur, grommelait des réponses rapides. Pour autant, lorsque je jetais un coup d’œil derrière moi, je constatais que tous les moutons sui- vaient. Absolument tous. Très vite, le groupe grossit. Il s’amplifia tant que je ne pouvais plus les décompter. Une pluie fine s’abattit douce- ment. Au loin, j’aperçus une masse impression- nante de moutons agités. Nous étions en train de les rejoindre. Au fur et à mesure que nous approchions du groupe initial, je vis un grand enclos muni de plusieurs compartiments. La