Page 55 - Islenska
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pluie se faisait plus forte, les bêlements plus nombreux et plus chaotiques, nos compagnons de route devenaient de plus en plus nerveux et forçaient le pas. Au niveau de l’enclos, les mou- tons couraient, bêlaient et sautaient en tous sens. Chacun avait l’air de savoir où aller sans pour autant y aller.
Mon bélier toujours aussi sévère accéléra sou- dainement le pas pour s’arrêter net en cabrant de l’arrière. Surprise, je lâchai prise et me trou- vais une fois de plus propulsée dans les airs. De tourniquets en loopings, j’atterris sur un mouton complètement fou. Je m’agrippais de justesse à un de ses poils et tentais d’escalader jusqu’au sommet de son crâne. La pluie ne facilitait pas l’opération. Les poils glissaient, mes vêtements étaient trempés, je ne voyais pas à deux pas. Mon nouvel hôte courait en tout sens, avec la fougue de la jeunesse inconsciente, ruant, allant à droite, allant à gauche, repiquant un sprint, sautant sur lui-même et repartant. J’étais bal- lottée de partout, un peu livide, à la limite de la nausée jusqu’à ce que je parvienne à m’agripper totalement et m’installer confortablement. Là, je me sentis comme dans une attraction de fête foraine. Les sensations étaient les mêmes : la peur et l’amusement. Je me mis à rire bêtement à chaque foulée du mouton sur lequel j’étais. Bien harnachée, la peur s’envolait pour laisser place uniquement au jeu. Mes éclats de rires se mêlaient aux bêlements. La pluie redoublait, les moutons fuyaient dans toutes les directions et se bousculèrent amèrement. J’incitais la bête à courir d’un côté, de l’autre, à sauter sur place toujours plus haut. Je rigolais de nos exploits,

































































































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