Page 65 - Islenska
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encerclaient le bateau, le tiraient en avant, le poussaient par l’arrière. Ils échangeaient sans cesse entre eux dans une langue que je ne vou- lais pas comprendre. Ils semblaient se disputer, mus par une hâte incompréhensive et une peur transpirante. Les marins sur le bateau avaient eux aussi le regard terrifié. Ils hurlaient à l’aide mais leurs cris annonçaient le désespoir. Je ne savais pas comment les aider, tétanisée par ces monstres. Pendant que le ciel s’éclaircissait, de plus en plus de trolls paniquaient. Je ne com- prenais pas leur folie soudaine. Au final, cer- tains abandonnèrent le bateau pour courir vers la rive. D’autres s’obstinaient à ramener leur prise dans leur antre. Jusqu’à ce que le soleil parut. Il glissa ses premiers rayons sur la mer puis l’inonda.
La plupart des trolls, dans un réflexe vain s’ac- croupirent et protégèrent leurs gueules de leurs bras. Mais il était trop tard pour eux. En un instant, le soleil les avait momifiés, en même temps que le bateau tenus pas les créatures. En même temps que ces passagers. Ils devaient savoir le risque qu’ils encouraient pour agir de la sorte. Peu à peu les trolls velus se durcirent et devinrent de la roche noire, comme celle qui m’abritait l’instant d’avant. Le silence revint. Je n’entendais que les vagues claquer contre ces nouveaux obstacles. Le jour était là. De nou- veaux rochers avaient poussé, parsemés dans la mer. L’effroi et la tristesse s’emparèrent de moi. Car même si ces rochers rendaient le pay- sage merveilleux, le bateau et ses marins, em- poignés par les trolls, avait eux aussi été em- portés dans cet autre monde, pétrifiés. À jamais

































































































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