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À Calais, plusieurs centaines de personnes migrantes
toujours confrontées
à une situation indigne
Si le démantèlement du camp de la Lande entre le 24 octobre et le 3 novembre 2016 a permis une mise à l’abri de grande ampleur, elle a aussi conduit à un éparpille- ment des migrants sur le territoire et, de nouveaux mi- grants étant venus des camps de Norrent-Fontes et de Grande-Synthe dès décembre 2016, à la mise en place de nouvelles stratégies par les passeurs.
Après le démantèlement, des patrouilles «anti-squats» de police et de gendarmerie ont été mises en place. Les associations et le Défenseur des droits ont été amenés à signaler les violences de la police contre les migrants et les associatifs, ainsi que le traitement indigne des per- sonnes migrantes à Calais.
Le 31 juillet 2017, le Conseil d’État a con rmé, à la suite de la décision du tribunal administratif de Lille saisi par onze associations et 50 migrants, l’obligation pour l’État d’améliorer les conditions d’accueil des migrants à Ca- lais. Suite à cette décision, l’État a annoncé l’ouverture de deux centres d’accueil et d’examen des situations (CAES) d’une capacité de 300 places dans la région des Hauts-de- France, ainsi que la mise en place de «douches mobiles», de sanitaires et de points d’accès à l’eau à Calais. Un an après le démantèlement, 500 à 700 migrants étaient tou- jours recensés à Calais.
Par ailleurs, lors du démantèlement de la «Jungle» de Calais, plus de 1 900 jeunes avaient été mis à l'abri dans
À Calais, des personnes migrantes toujours dans l’attente d’un passage vers le Royaume-Uni
des Centres d'accueil et d'orientation pour mineurs isolés (Caomi) dans toute la France, en attendant la réponse des autorités britanniques à leur demande de rejoindre le Royaume-Uni. Ce dernier s'était alors engagé à accueillir les mineurs isolés de Calais. Le Home of ce a rapidement annoncé qu’il ne respecterait pas ses engagements, pous- sant ainsi au désespoir nombre de jeunes, qui ont réagi à cette exclusion par des grèves de la faim, des tensions, ainsi que des fugues.
À Calais, France terre d’asile a également obtenu en juillet de la part de la Préfecture le renforcement de ses ac- tions quotidiennes de maraude pour repérer et mettre à l’abri les mineurs isolés étrangers, faisant ainsi passer notre équipe à six maraudeurs spéci quement formés et maîtrisant plusieurs langues. En 2017, 2215 mineurs isolés étrangers ont pu être mis à l’abri dans notre centre de Saint-Omer dans le cadre de nos maraudes à Calais. Notre association a aussi ouvert à la demande du Conseil départemental trois nouvelles structures, ce qui porte à six le nombre de dispositifs spéci quement destinés aux MIE dans le département du Pas-de-Calais.
Par ailleurs, France terre d’asile s’est mobilisée toute l’an- née via notre équipe d’aide aux étrangers retenus au centre de rétention administrative à Coquelles. En 2017, 26% de personnes de plus qu’en 2016 ont été placées dans ce centre du fait des interpellations permanentes de migrants à Calais, alors même que la majorité des per- sonnes placées venaient de pays en con it, craignaient des persécutions et ne pouvaient donc pas être renvoyées dans leur pays. Nos équipes ont aidé 3 779 personnes et réalisé 5760 recours, malgré des conditions de travail rendues dif ciles par une pratique qui témoigne d’un usage détourné de la rétention.
Partie I / La présentation de l'association
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© UNHCR/Olivier Laban-Mattei