Page 197 - LETTRES AMICALES ET AMOUREUSES
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COMPLAINTE DU PASSÉ




                                 L'oiseau des bois voltige et chante de nouveau
                               sur la branche où il s'évertue à construire son nid .
                                   La fleur des champs entr'ouverte à l'aurore,
                                   voyant sur la pelouse une autre fleur éclore,
                                  s'incline sans murmure et tombe avec la nuit .
                                   Au fond des forêts, sous les toits de verdure,
                                 on entend le bois mort craquer dans le sentier .
                                        En traversant l'immortelle nature,
                              Les hommes n'ayant su trouver de science qui dure,
                                    continuent de chercher et toujours oublier,
                                              ce qui peut la préserver .
                                      Tout meurt ce soir pour revivre demain
                                       et sur une tombe on voit sortir de terre
                                  le brin d'herbe sacré qui nous donne le pain .
                                         Que m'importe la mort ou la vie ?
                                J'aime, et je veux pâlir; j'aime et je veux souffrir;
                                  J'aime, et pour un baiser je donne mon génie;
                                  J'aime, et je veux sentir sur ma joue amaigrie

                                      ruisseler une source impossible à tarir.
                                  J'aime, et je veux chanter la joie et la paresse,
                                 mes folles expériences et mes soucis d'un jour .
                                      Je désire raconter et répéter sans cesse
                                   qu'après avoir juré de vivre sans maîtresse,
                                 j'ai fait serment de vivre et de mourir d'amour.
                                Je dépouille devant tous l'orgueil qui me dévore,
                                le cœur gonflé d'amertume et qui s'est cru fermé.
                                     Heureusement une Amie de longue date,
                                     m'a susurré dans le creux d'une oreille :
                              Continue à aimer sans cesse, et de la même manière
                                          que tu m'as aimée et tu revivras
                                        ce que nous avons vécu ensemble .
                              Toi qui aime les fleurs n'oublie jamais de les arroser
                                    pour qu'un nouvel amour voie le jour car,
                                    après avoir souffert, il faut souffrir encore .
                                     Il faut aimer sans cesse, après avoir aimé
                             et oublier les souffrances des nombreuses déceptions !


                                                    Alé Alexandre
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