Page 201 - LETTRES AMICALES ET AMOUREUSES
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COUPABLE


                                     Je vais hélas traîner toute ma vie en moi
                                     cette sorte de culpabilité qui ne me laisse
                               point de repos et met ma conscience en morceaux !
                             Voyez-vous, quoi que je fasse, toujours quelque chose
                                     me tracasse et mes actes les plus louables
                                       au fond de moi me crient : coupable !
                                            Coupable je suis, sachez-le .
                                 Comment, pourquoi je ne sais et peu m'importe
                                car mes réponses sans fin en moi se contredisent.
                                   Coupable je suis de telle sorte qu’à y penser
                                 toute chose me porte et mes regrets sempiternels
                                              sont ma punition éternelle.
                                  Ainsi donc, n’ayant nulle paix, de moi-même
                                    faisant le portrait, je rumine l’énumération
                                            de mes actions et inactions…
                                      J’adorerais me prélasser au lit, lisant,
                                           me cultivant l’esprit ou faisant
                                          l'amour à une Adorable femme
                                       que j'aime follement et qui m'ignore .
                                        Mais le remords, comme un démon,

                                           aussitôt m’insuffle son poison.
                                 Alors comme je suis seul je m’attelle à la tâche
                                        et comme une brute, fais le ménage,
                                        mais en même temps je me répète :
                                         Alexandre, tu seras toujours bête !
                                     Je désire avant tout, ai-je raison ou tort ?
                                           aussi m’occuper de mon corps
                                              pour être amant désirable
                                          d’un effet quelque peu durable.
                                       Mais dès qu’à mes soins je m’adonne,
                                          une voix perfide me chantonne :
                                 tu as raison, ne pense qu’à toi, les autres Amies
                                      ne pensent plus à toi car  tu les déçois !
                             Parfois, avide de détente, je me complais à ce qui tente,
                                       croyant voler quelques bonnes heures
                                           au temps à consacrer ailleurs .
                        Mais au lieu de me réjouir, je ne cherche qu’à troubler ma fête
                        car de mes cent tâches non faites, je me punis comme à plaisir !


                                                     Axel Barreda
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