Page 198 - LETTRES AMICALES ET AMOUREUSES
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FOLIE PASSAGÈRE
Douce folie tu illumines mes nuits,
et aveugle mon hardiesse à
espérer une nouvelle fois au bonheur .
Ton éclat luit comme une lune
posée sur un immense océan.
Les vagues que tu engendres scintillent,
sur l’étendue de cet océan tumultueux .
Tu gémis et tu hurles, tu es force et faiblesse.
Tu fais peur quand tu pleures,
trop cruelle et trop belle.
Tu effraies quand tu cries,
comme un trombone dans l’oreille.
Tu es vénérée du génie et honnie du banquier .
Ta folie, quand elle vit, casse les briques
des conventions établies et des langages polis.
Dangereuse, généreuse, tu nous aborde
avec la douceur d’une gifle caressante .
Dans mon lit enfin endormi, c’est un rêve de jeunes
et ravissantes jeunes filles.
Dans un café enivré, c’est un futur cauchemar .
Dans un hôpital d’aliénés,
la misère où je pourrais me retrouver .
Tu es ma folie, tant salie et bannie.
N’es-tu pas effrayante ? N’es-tu pas enivrante ?
Il ne faut pas que tu sois une simple maladie,
mais le meilleur et le pire,
de l’homme réunis, sans tabou et sans filtre .
Tu me fais l'effet d'une bombe,
qui explose dans ma chambre quelques nuits
où je pensais pouvoir dormir sereinement
à la femme que j'aime et adore .
Pourtant et à cause de toi,
j'entrevois un brillant destin,
dans mes rêves les plus fous .
Alé Alexandre