Page 48 - LETTRES AMICALES ET AMOUREUSES
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GOUVERNANTS AGISSEZ !


                           Vous à qui je voulais dire tant de choses ; Rappelez-vous !
                 Hier, nous étions encore des êtres humains, travailleurs, sereins et heureux.
                           Aujourd’hui, à cause de vous, nous ne sommes plus rien :
                              Sans travail, sans abri, pire, complètement démunis.
                         Vous à qui je voulais dire qu’il ne suffit pas qu’arrive l’hiver,
                               Des élections, pour nous sortir de dessous les ponts,
                            Couchés à même le sol, dans des cartons ou des chiffons,
                        Ultimes remparts contre le froid, avant la mort qui nous guette,
                    Pour penser à nous, en nous sortant de l’oubli dans tous vos discours.
                          Osez regarder, à chaque instant de votre pantagruélique vie,
                             Autour de vous, vous les gouvernants, vous les nantis.
                             Remarquez ces visages tristes, exprimant l’impuissance
                             De trouver un travail, un logis, du bien-être en famille.
                         Visages ravagés par la crasse, par l’alcool qui nous réchauffe,
                                   Par la maladie qui nous détruit, petit à petit
                   Car dehors, dans la rue, nous sommes exposés à toutes les intempéries.
                               Regardez-moi ! Moi qui ne puis plus rien vous dire,
                                   Moi qui n’ai plus le courage de me montrer,

                          Car mon visage reflète la honte et, il est rougi par les pleurs.
                          Dans mon regard, il y a une ombre profonde qui me ronge.
                             Candidats hommes et femmes politiques de tous bords,
                               Mes yeux ont imploré, avec crédulité et indulgence,
                            Que cesse cette infamante injustice, d’un monde civilisé.
                                    Pour nous, peu d’années restent à venir et,
                                 Par où nous sommes venus, nous nous en irons
                            Car, notre dignité s’est envolée, nos espoirs se sont brisés
                           Et, lentement, nos jours et nos nuits sont sans lendemains.
                                Alors pour cette fois, agissez au lieu de promettre,
                                Et faites en sorte que le cimetière qui nous guette,
                                     Ne soit notre prochaine et ultime escale.


                                                    Alejandro Alé
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