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LE CONCEPT DU FEU
Le Feu joue un rôle important dans la nature. Tout comme le Bois, la Terre, le Métal et
l’eau, il a été utilisé dans la médecine chinoise comme analogie pour comprendre et
expliquer un certain nombre d’activités physiologiques et de manifestations pathologiques
chez l’homme. Il ne s’agit pas là d’une technique purement gratuite. Depuis l’antiquité
l’homme est en effet considéré comme étant la quintessence même de la nature. Et s’il est
vrai que ce Feu, visible dans la nature, agit de façon invisible chez l’homme, il n’en est pas
moins vrai qu’il s’y exprime de façon perceptible, ne fût-ce que comme source de sa vie
ou, plus malheureusement, cause de sa consomption et de sa mort.
Dans la médecine chinoise, quand on parle de Feu, on l’exprime toujours à travers les
concepts de Feu Empereur et de Feu Ministre, tant dans la physiologie que dans la
pathologie. Toute la pathologie interne de la chaleur peut d’ailleurs être ramenée aux
désordres de ces deux types de Feu. Quand que le Feu brule normalement, il assure la
santé de l’être humain. Dès qu’il s’embrase, il devient pervers et une cause importante
d’innombrables maladies.
Le Feu pervers dans les lésions internes peut appartenir au vide et à la plénitude. Le
plus souvent, quand il est issu d’une perturbation du Qì, du Xué (sang), du Yīn, du Yáng et
des liquides organiques (Jing Yé) il appartient au vide. Quand il est la conséquence
d’anormalités telles que la congestion de Qì, la stase de sang, la stagnation alimentaire, il
appartient le plus souvent à la plénitude.
Il faut aussi faire une distinction claire au niveau de la terminologie. Quand le patient
est affecté par une maladie du Feu ou de la chaleur externes, on dira qu’il souffre de Wèn
Bìng, c’est-à-dire une maladie de la tiédeur. Elle inclut les différents types de chaleur et de
Feu, mais sa caractéristique fondamentale est qu’elle trouve son origine dans l’externe.
Mais quand un patient souffre d’une maladie qui est causée par la chaleur et le Feu
internes, on dit qu’il souffre de Huǒ Bìng, c’est-à-dire une maladie du Feu, dont l’origine
est par définition la chaleur et le Feu internes, c’est-à-dire le Feu Empereur et le Feu
Ministre.
Avant de continuer il faut faire un constat intéressant. Quand on considère la pathologie
de Wèn Bìng, a constaté que dans le courant de l’histoire, de nombreux traités spécifiques
y ont été consacrés.
Seulement jamais il n’y a eu de livre ou d’étude spécifique consacrés au Feu, ce qui ne
veut pas dire que le concept du Feu était sous-évalué. Bien au contraire. Comme les
maladies du Feu se distinguaient depuis toujours par un cours rapide, des symptômes
spectaculaires et une mortalité importante, elles ont été abondamment étudiées et ce dès
le Nèijīng. Nous allons passer les étapes de l’histoire du Feu rapidement en revue.
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