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 seulement d’investir dans celles qui existent déjà, explique-t-il . Au cours des quinze dernières années, Truffle Capital a ainsi accompagné plus de 25 entreprises en sciences de la vie, dont une majorité en medtech . 80 % d’entre elles ont été créées par nos équipes et nous les accompagnons en direct . » En décembre dernier, Truffle Capital a annoncé la levée de 250 millions d’euros pour son nouveau fonds BioMedTech, dépassant sa cible de 200 millions . Cette manne est destinée à la création et au financement d’une douzaine d’entreprises des dispositifs médicaux et de biotech . Suivant sa logique de business builder, Philippe Pouletty s’apprête aussi à lancer Medeor, un fonds supérieur à 500 millions d’euros pour accompagner les medtech au stade précommercial .
De nouveaux gisements pour l’innovation
Turenne Capital gère un fonds sous gestion de 1 milliard d’euros, dont 220 millions dédiés à la santé . « Turenne Capital s’est spécialisé dans le capital développement transmission pour les entreprises ayant déjà démontré leur capacité à générer de la valeur sur le marché », renseigne Mounia Chaoui, directrice associée . Sa société gérait déjà Sham Innovation Santé, un fonds dédié à l’innovation en santé pour le compte de l’assureur français Sham . Il accompagne notamment les medtech
à leurs débuts (capital amorçage, capital-risque) . De plus, il soutient leurs projets de croissance (capital développement, sociétés cotées) . Dans le domaine du capital développement transmission, Turenne Capital déploie deux fonds : Capital santé I, soit 62 millions d’euros, et Capital santé II, soit 120 millions . Ils ont réalisé 14 investissements en dix ans . La moitié de ce portefeuille est constituée d’entreprises du DM . D’après Mounia Chaoui, « la syndication de nos investissements avec d’autres fonds européens, voire américains, est une nécessité pour assurer le développement pérenne des medtech » . Une analyse partagée par Isabelle de Cremoux, présidente du directoire de Seventure Partners, qui finance l’innovation en
sciences de la vie . Et ce, de l’amorçage à l’introduction en Bourse . « Aujourd’hui, les montants des participations pour accompagner les développements cliniques et commerciaux des medtech innovantes sont devenus très importants, complète Isabelle de Cremoux . La syndication de différents investisseurs fournit la capacité de soutenir les sociétés dans la durée . »
Le gouvernement "met au pot"
Reste que les fonds "late stage" demeurent encore peu nombreux et... leurs poches pas assez profondes pour permettre l’accélération attendue par la filière . Un rapport, remis en juillet 2019 au ministre de l’Économie, avance des préconisations sur le financement des entreprises technologiques françaises2 . Le gouvernement y annonce l’engagement d’investissements provenant d’assureurs, de banques et de fonds de retraite . Les pouvoirs publics ambitionnent la création de fonds de plus de 5 milliards d’euros en faveur des entreprises technologiques d’ici le 21 décembre 2022 . Ils se sont engagés à faciliter le fléchage des produits d’épargne, assurance vie en tête, vers l’innovation . Sur ce total, 2 milliards seront investis dans le "late stage" des fonds du capital-risque . Six d’entre eux ont d’ores et déjà été retenus, parmi lesquels Jeito Capital, spécialisé dans les sciences de la vie . Le mouvement semble bien amorcé . Mais Philippe Pouletty tempère . . . « Il faudrait surtout que l’environnement structurel et à long terme attire une grande diversité d’investisseurs français et européens . »
Bernard Banga, MD Report
(1) « Panorama France HealthTech 2019 » . France Biotech, EY, Euronext et QBE France, février 2020 .
(2) « Financer la IVe révolution industrielle - Lever le verrou du financement des entre- prises technologiques » . Rapport de Philippe Tibi, professeur de finance à l’École polytech- nique, juillet 2019 .
  Antoine Papiernik, managing partner et président de Sofinnova Partners : « Le financement "late stage" de croissance reste le dernier bastion
à conquérir en matière de financement des technologies médicales. »
 La vente des produits, première attraction pour les investisseurs
« En 2019, la France a atteint la deuxième place* du classement européen en nombre de healthtech financées par le capital- risque. Les entreprises émergentes de l’e-santé, comme Doctolib et BioSerenity, tirent leur épingle du jeu, avec des levées de fonds supérieures à 50 millions d’euros. Les autres entreprises, quant à elles, lèvent des sommes moins importantes mais le montant global reste en croissance (+ 41 %). La création de fonds cross over apporte une bulle d’oxygène aux dispositifs médicaux. Les fonds provenant des assureurs orientent actuellement l’épargne vers les valeurs technologiques. Un élément positif. Cependant, l’attractivité financière de la filière dépend avant tout de sa capacité à vendre ses produits, à nouer des partenariats, à créer des fusions-acquisitions pour donner naissance à des leaders. »
  Cédric Garcia
associé du cabinet d’audit EY.
 (*) Après le Royaume-Uni.
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#23 • mars 2020
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