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Dossier
Un management trop patrimonial des sociétés
« L’écosystème des medtech en France est caractérisé par la coexistence d’importants groupes et de start-up innovantes. La principale difficulté est d’arriver à ce que ces dernières parviennent à valoriser leurs innovations auprès des majors. A titre d’exemple, la filière souhaite intégrer de nouveaux métiers afin de combiner différentes technologies (miniaturisation, visualisation et réalité augmentée, diagnostic, etc.) au service d’interventions chirurgicales peu invasives. Un paradigme inédit qui accroît bien plus les besoins en financement et renouvelle les logiques de fusion et d’acquisition. Si les fonds d’investissement se sont professionnalisés
rapidement, avec des pôles dédiés à la santé, voire au DM, il en va autrement pour le management des petites sociétés de medtech. Les fondateurs mettent encore trop souvent en œuvre une gestion patrimoniale au détriment d’une vision vraiment entrepreneuriale. »
Frédéric Thomas,
associé KPMG France, responsable du secteur sciences de la vie et santé.
L’expérience entrepreneuriale consolide les medtech
« Depuis dix ans, la société de gestion Mérieux Equity Partners accompagne les innovations en santé et en nutrition. Ses investissements financiers, son réseau industriel international logistique et d’experts se conjuguent avec une expérience entrepreneuriale profitable aux medtech et aux biotech. Notre plate-forme d’investissements couvre à la fois le capital innovation et le
capital développement avec une implantation en Europe, aux États-Unis et en Israël. Il y a cinq mois, nous avons lancé à Lyon M2care, un premier accélérateur industriel, et nous apprêtons à en lancer un second en Californie. Un modèle de développement éprouvé et efficient. »
Valérie Calenda,
associée chez Mérieux Equity Partners.
BOURSE
L’INQUIÉTANTE CHUTE DES COURS
La faible progression du chiffre d’affaires des medtech les éloigne du marché boursier. Déçus, les investisseurs sont de plus en plus rares. Zéro introduction en Bourse en 2019 ! Comment sortir de ce cercle vicieux ?
Vingt-cinq medtech françaises sont cotées sur le marché Euronext, première place boursière paneuropéenne1 . L’année dernière, ces entreprises n’ont levé que 86 millions d’euros . Un chiffre analysé par Cédric Garcia, associé du cabinet d’audit EY . « Le refinancement boursier des medtech est en baisse de 27 % par rapport à l’exercice précédent . » Si la capitalisation boursière des entreprises européennes de ce type sur Euronext a représenté au total 1,07 milliard d’euros l’année dernière, en revanche, les entreprises françaises souffrent d’un manque de liquidités et d’une faible valorisation de leur titre . Les déconvenues n’ont pas manqué en 2019 ; les liquidations judiciaires (ou amiables) de Cellnovo
et Stentys en mai et juillet dernier illustrent ce revers .
Fiasco en Bourse, désinvestissement : le cercle vicieux
Camille Leca, directrice des activités de cotation d’Euronext France, rend compte de la frilosité boursière envers les medtech . A l’occasion de la présentation de la dernière étude de France Biotech2, son constat est morose : « En 2019, les healthtech cotées en Bourse ont été confrontées à une forte aversion au risque et à un mouvement vers les actifs les moins risqués, tenant de nombreux investisseurs généralistes à l’écart du secteur . » Les valeurs françaises peinent d’autant plus à se refinancer que leur cotation accuse une chute
vertigineuse . Certaines atteignent à peine le dixième investi lors de leur introduction en Bourse . Mal préparées, voire prématurées, ces introductions
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Isabelle de Cremoux, présidente du directoire de Seventure Partners : « Aujourd’hui, seul le segment émergent des medtech du digital demeure attractif pour des marchés. »
#23 • mars 2020
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