Page 19 - Le jardin des vertueux (Riyâd As-Sâlihîn)
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Riyad as-Salihin

               Messager priât pour ton absolution ». Il dit : «  Par Dieu, Ils n’ont pas cessé de me faire des reproches jusqu’à ce que j’ai
               voulu retourné auprès du Messager de Dieu pour revenir sur mes premières déclarations. Puis je leur dis : « Est-ce que
               d’autres sont dans mon cas ? » Ils dirent : « Oui, il y a deux hommes qui tinrent les mêmes propos que toi et qui obtinrent la
               même réponse ». Je dis : « Qui sont-ils ? ». Ils dirent : «  Mourara Ibn Arrabî Al ‘Amrî et Hilâl Ibn Oumaya Al Wâqifî ». Il
               dit : « Ils m’ont nommé là deux hommes vertueux qui avaient participé à la bataille de Badr et qui étaient dignes d’être pris

               en exemple. Lorsqu’on me les cita, je m’en allai. Le Messager de Dieu     avait interdit entre temps qu’on nous adressât
               la parole à tous les trois entre tous ceux qui avaient déserté. Ainsi les gens nous évitaient (ou il a dit : «  changèrent d’attitude
               envers nous ») si bien que je ne reconnaissais plus la terre car ce n’étais plus celle que je connaissais. Nous restâmes dans cette
               situation cinquante longues nuits. Quant à mes deux compagnons d’infortune, ils se résignèrent à leur sort, gardèrent leur
               maison et ne cessèrent pas de pleurer. Pour ma part, j’étais le plus jeune et le plus fort des trois. Je sortais pour prendre part
               à la prière avec les musulmans et je parcourais les marchés sans que personne ne m’adressât la parole. J’allais à chaque fois au

               Messager de Dieu   , je le saluais alors qu’il était assis après la prière. Je me demandais en moi-même s’il avait ou non
               remué les lèvres pour répondre à mon salut. Puis je me plaçais pour prier tout près de lui et je l’épiais furtivement. Quand je
               me plongeais dans ma prière, il me regardait et quand je me tournais vers lui, il se détournait de moi. Quand cette mise en
               quarantaine des musulmans dura trop longtemps pour moi, je n’ai pas hésité à passer par-dessus le mur de Abou Qatada ; il
               était mon cousin et l’un de mes plus chers amis Je lui adressai le salut. Par Dieu, il n’a même pas daigné me le rendre. Je lui
               dis : «  O Abou Qatada ! Je te supplie par Dieu de me dire si tu sais que j’aime Dieu et Son Messager ». Il se tut. J’y reviens
               de nouveau et il se tut encore. J’insistai encore une fois et il me dit enfin : « Dieu et Son Messager sont plus à même de le
               savoir ». Mes yeux débordèrent  alors de larmes. Je m’en allai et passai de  nouveau par-dessus son mur. Tandis que je
               déambulais dans les rues commerçantes de Médine, voilà qu’un Nabatéen (paysan) de Syrie, de ceux venus avec du blé pour
               le vendre, criait : « Qui peut me dire où se trouve Ka’b Ibn Malek ? ». Les gens se mirent à me désigner jusqu’à ce qu’il vînt à
               moi et me donnât une lettre de la part du roi Ghassan. Je savais alors lire. Je lus donc la lettre et il y avait ceci : « Or, donc,
               nous avons appris de ton compagnon (le Prophète)  est en frois avec toi et Dieu ne t’a jamais placé dans une demeure
               d’humiliation et d’abandon. Rejoins-nous  donc et Nous te consolerons de te déboires ». Je dis après sa lecture : « Voilà bien
               encore l’une de ces épreuves qui m’accablent en ces moments ». je me dirigeai avec la lettre vers le four à pain et je la brûlai
               Jusqu’à ce qu’eussent passé quarante nuits ( de quarantaine imposée). La révélation de Dieu tardait à venir (pour me
               disculper). C’est alors que le Messager de Dieu    vint me dire : « Le Messager de Dieu    t’ordonne de ne plus
               approcher ta femme ». Je lui dis : «  Dois-je la répudier ?ou bien que dois-je faire ? ». Il dit : « Non, mais isole-toi simplement
               d’elle et ne l’approche plus ». Il envoya le même message à mes deux compagnons. Je dis à ma femme : «  Va chez ta famille
               et reste-y jusqu’à ce que Dieu prononce Son jugement dans cette affaire ». La femme de Hilal Ibn Oumaya vint dire  u
               Messager de Dieu    : «  O Messager de Dieu ! Hilal Ibn Oumaya est un vieillard  perdu n’ayant aucun domestique. Est-
               ce qu’il te répugne que je le serve ? ». Il dit : «  Non, mais qu’il ne t’approche surtout pas ! ». Elle dit : «  Par Dieu, il est
               incapable de quoi que ce soit et, par Dieu, il ne cesse de pleurer jusqu’à ce jour depuis cette triste affaire ». Certains de mes
               parents me dirent : « Pourquoi  ne demandes-tu pas au Messager de Dieu la permission  de garder ta femme puisqu’il  a
               autorisé celle de Hilal Ibn Oumaya à le servir ? ». Je dis : «  Je ne demanderai pas la permission de la garder car je sais ce que
               dirait de moi le Messager de Dieu     si je lui demandais cette permission alors que je suis jeune ». Je restais ainsi dix
               nuits ; si bien que  s’accomplit pour nous cinquante nuits depuis qu’il a été interdit de nous adresser la parole.
               Puis je fis laprière de l’aube le lendemain de la cinquantième nuit sur le toit de l’une de nos maisons. Pendant que j’étais assis
               dans cet état dont Dieu a parlé dans Son Livre (« jusqu’à ce qu’ils se fussent  sentis à l’étroit dans la terre malgré son
               ampleur ») j’entendis tout à coup la voix de quelqu’un qui criait du haut du mont Sala’ me disant aussi fort qu’il pouvait : « O
               Ka’b Ibn Al Malek ! Réjouis toi de la bonne nouvelle ! ». Je tombai aussitôt en prosternation sachant que quelque chose de

               nouveau était venue me délivrer de ma situation oppressante. Le Messager de Dieu    avait en effet annoncé  lors de la
               prière de l’aube que Dieu avait enfin agrée notre repentir. Les gens coururent vers nous pour nous porter la bonne nouvelle.
               Deux hommes partirent pour en informer mes deux compagnons et un troisième se lança dans ma direction au galop de son
               cheval. Un autre homme de la tribu de Aslam courut vers moi et parvint, avant l’arrivée du cavalier, sur le mont Sala’. Sa
               voix fut plus rapide que le cheval. Quand vint à moi celui dont j’avais entendu la voix annonciatrice de bonne nouvelle, j’ôtai
               mes deux tuniques et je l’en revêtis, en récompense de sa bonne nouvelle. Par Dieu, je n’avais pas d’autres tuniques que
               celles là. Je dus en emprunter deux pour me couvrir moi-même. Je partis alors en direction du Messager de Dieu
               cependant que les gens m’accueillaient en groupe, me félicitant de l’agrément de mon repentir et me disant : « Nous te
               félicitons pour l’agrément  par Dieu de ton repentir ». J’entrai finalement à la mosquée et voilà que le Messager de Dieu

                    y étais assis au milieu des gens. Il me serra la main et me félicita. Par Dieu, aucun autre des Mouhajirîn (les exilés de la
               Mecque) ne se leva à ma rencontre. Ka’b n’a jamais plus oublié à  Talha cette marque d’amitié. Ka’b dit : «  Lorsque j’eus

               salué le Messager de Dieu   , il me dit, le visage rayonnant de joie : « Réjouis-toi du plus beau jour que tu aies jamais
               connu depuis que ta mère t’a mis au monde ! ». Je dis : «  Est-ce que cette faveur provient de toi, ô Messager de Dieu   ,


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