Page 10 - Tueuse d'Alpha - Vindicta
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En ce 21 décembre, ma vie débuterait ou finirait.
L’air froid remplissait mes poumons, sa brûlure me faisant presque
plier en deux. Était-ce un avant-goût de ce qui allait m’arriver ?
Il n’y avait que peu de vent, ce qui m’arrangeait. Le sable de la piste
ne s’envolerait pas. Rien ne pourrait obstruer ma vision, pas même
mes cheveux que j’avais attachés en un chignon des plus serrés.
Les pieds bien ancrés au sol, j’attendais patiemment tandis que
l’angoisse montait lentement. L’absence de bruit pour venir perturber
ce silence qui s’était installé entre nous n’aidait pas, mais je parvenais
tout de même à la contrôler.
L’arène était vaste, utilisée à la fois comme prison pour ces bêtes
et de terrain d’entraînement. Des combats, elle en avait vu beaucoup
trop et cette nuit n’échapperait pas à la règle.
Face à moi se dressait mon premier ennemi, celui que le destin avait
choisi pour faire office d’initiation finale après ces longues années
d’études et d’épreuves. Son regard commençait déjà à changer ; un
regard que je ne pourrais jamais oublier.
Il me disait de fuir pendant qu’il en était encore temps. Mal-
heureusement, nous étions tous deux dans une situation identique.
À ses yeux, j’étais libre. Je pouvais m’échapper quand bon me
semblait, contrairement à lui qui avait été capturé pour servir de
marionnette. C’était à lui de lutter pour s’en sortir, de survivre à une
pleine lune de plus. De la même manière qu’il connaissait déjà la fin
de son histoire, il essayait simplement de la faire durer un peu plus
longtemps. Comme moi.
Je n’avais que vingt ans et pourtant, je m’apprêtais à commettre
l’acte le plus horrible qui soit : tuer sans la moindre pitié. Oubliée,
la jeune fille que j’étais autrefois. Mon passé était perdu, mon corps
et mon âme à présent conditionnés pour le combat.
Ma plus grande peur n’était pas de trépasser, loin de là, mais
plutôt de ne pas arriver à finir mon travail. Et cela débutait ce soir.
La lune nous éclairait si bien que l’on pouvait apercevoir le sang
qui recouvrait le sol, témoin de l’échec de l’Homme qui ne pouvait
pas sortir victorieux à chaque coup. Cette bête avait tué mon ami,
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