Page 15 - Tueuse d'Alpha - Vindicta
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Tapie dans l’ombre, accroupie aux pieds des arbres dont les cimes
s’élevaient à des hauteurs vertigineuses, j’attendais ma proie. L’air,
glacial, brûlait mon visage rougi et la neige attaquait mes doigts. Elle
était tombée toute la journée pour ne s’arrêter qu’au crépuscule, lais-
sant son manteau blanc s’accumuler dans les bois. Cela n’arrangeait
en rien mes affaires : chaque pas, chaque mouvement faisait craquer
la couche de neige. Or, l’ouïe des loups-garous était connue pour être
excessivement fine ; comme si les montagnes qui leur servaient de
muscles, leurs pattes griffues capables de décapiter un homme d’un
seul coup et leurs mâchoires aux crocs acérés n’étaient pas suffisantes
pour se défendre… Heureusement, le vent n’était pas de la partie,
rendant la situation légèrement plus supportable.
La lune, pleine et imposante dans un ciel sans nuages, laissait
entrevoir un paysage désertique, mais au charme certain. Une forêt
endormie, de la neige recouvrant les terres à perte de vue… Si ce
décor de carte postale s’avérait plaisant à regarder depuis la fenêtre
d’un chalet chauffé, il était bien moins enviable de s’y trouver. Mes
os étaient gelés, je ne sentais presque plus mes membres et mon
sang-froid commençait à s’évanouir.
Voilà des heures que je campais sans oser bouger le petit doigt, de
peur de trahir ma position, et la bête n’avait pas daigné se montrer,
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