Page 12 - Tueuse d'Alpha - Vindicta
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Je perdis mon souffle face à son corps changeant. Les muscles
          de son torse et de son cou gonflèrent à vue d’œil, ses bras suivant
          le mouvement. Tout en lui témoignait de sa monstruosité naissante.
            Il parvint à gagner le sol, des grognements ténus remontant le long
          de sa gorge pour sortir en puissant hurlement ; un cri de rage et de
          douleur. Ses doigts se désarticulèrent avant de se métamorphoser en
          une patte plus grosse que ma propre tête. Ses jambes et le reste de
          son corps suivirent le mouvement, le rendant plus grand et plus fort.
            L’homme qui me suppliait de fuir avait complètement disparu.
            Un son auquel je ne m’étais pas préparée me fit sursauter et la
          peur s’immisça en moi. Il se releva dans un craquement d’os : toute
          sa colonne vertébrale venait de se remettre en place. Ce son résonna
          en moi comme un défi, celui de ne pas entendre mon corps faire de
          même entre ses griffes.
            Tu dois y arriver. Concentre-toi sur ta haine et sur ton ennemi.
          Ce n’est pas le moment de crever.
            Sa transformation venait de s’achever, ses chaînes brisées éparses
          sur le sol. Il ne me lâchait pas du regard, des yeux noirs annonciateurs
          de mort. Une promesse silencieuse du sang qui coulerait sous peu
          pour se mêler à l’odeur âcre qui saturait l’air.
            Il ouvrit la gueule et hurla, donnant le signal du début du combat.
            Je n’eus pas le temps de me mettre en garde qu’il se jeta sur
          moi. J’esquivai de justesse et le blessai à l’abdomen à l’aide de ma
          dague. Une égratignure, mais la lame en argent fit son petit effet. Il
          grimaça et tourna brusquement ses dents vers moi. Dressé sur ses
          pattes arrière, il se révéla imposant sans que cela m’impressionne.
          Bien au contraire, cela m’excitait, m’incitant davantage à lui offrir
          son dernier souffle. Je sentais mon courage gonfler encore et encore.
            Sans réfléchir, nous courûmes l’un vers l’autre.
            Je pris appui sur le mur séparant la piste de la cavea et sautai
          vers sa gueule, déjà grande ouverte, prête à me déchiqueter et à
          apprécier son dîner. Je plongeai mon épée dans sa gorge avant de
          retomber brutalement sur le sol.
            Je n’avais pas calculé ma descente, grossière erreur de débutante.
          Même une lame enfoncée au plus profond de sa trachée ne suffirait


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