Page 19 - Tueuse d'Alpha - Vindicta
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silencieux connu de nous seules. Utile pour ne pas mourir d’ennui
par moments.
Tu as eu des nouvelles du monastère ?
Non, pas encore. Juste de John.
La simple évocation de ce nom suffisait à la faire sourire comme
une adolescente.
Tout va bien, rajouta-t-elle.
Je levai les yeux vers le ciel étoilé. La lune avait déjà bien entamé
sa descente et je n’osai regarder l’heure à mon poignet. L’agacement
se faisait plus présent, s’insinuant lentement dans mes veines tel un
poison mortel.
S’il n’a pas montré le bout de sa queue d’ici une demi-heure, on
se casse.
Cinthya opina et je repris ma position, la main sur le pommeau
de mon épée. Impossible de faire usage de mon arme secondaire, un
Beretta rangé dans l’étui accroché dans mon dos. Dans cette forêt
à flanc de montagne, l’écho de la détonation porterait jusqu’au
village, non loin. La chasse de nuit n’était pas dans les habitudes
locales. Notre mission consistait avant tout à tuer rondement et en
silence afin de préserver le secret le mieux gardé de l’Église.
Cela paraissait si ridicule, en y pensant. Une balle bien placée
nous accordait une chance d’en finir rapidement et à distance. Nos
vies joueraient moins à la roulette russe qu’avec une dague ou une
épée. En dépit du fait qu’elles nous permettaient de trancher avec
précision les points « sensibles » et offraient au chasseur le luxe
d’assister à l’agonie de sa proie au plus près, les lames restaient un
moyen assez risqué pour notre existence. Cela dit, une balle mal
logée n’entraînait, au mieux, qu’une lente souffrance en échange de
les rendre un poil plus dangereux.
Aucune pitié.
Aucun sentiment.
Seulement une règle.
Qu’importe la méthode utilisée, ils devaient périr.
Le vent se mit à souffler un peu plus fort, emportant avec lui
l’odeur de la pluie en provenance de l’est. Ce n’était pas un bon
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