Page 21 - Tueuse d'Alpha - Vindicta
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Je regardai autour de moi dans l’espoir de la voir apparaître dans
           mon champ de vision. Il me fallait cependant reconnaître l’évidence :
           Cinthya ne se trouvait nulle part. Me levant gauchement, les jambes
           pétrifiées  de  froid,  je  me  traînai  d’une  démarche  raide  jusqu’à sa
           position. Seules restaient ses armes, abandonnées sur le sol gelé.
           Jamais elle ne s’en serait séparée, pas même dans la mort. Je n’avais
           qu’une envie : hurler son nom, mais cela m’était impossible. La bête
           pourrait nous localiser avec exactitude.
             Je me mis à sa recherche, histoire de voir si elle n’était pas partie
           en urgence assouvir un besoin pressant, mais j’eus beau avancer,
           je ne la trouvai pas. Laissant mes pas me porter en avant, j’essayai
           tant bien que mal de conserver un raisonnement logique ; n’importe
           quoi qui pourrait apaiser cette angoisse grandissante. Hélas, rien ne
           me vint à l’esprit.
             Les arbres de cette forêt, tous filiformes et dépourvus de la moindre
           feuille, se ressemblaient tant qu’il me fallut un moment pour réaliser
           m’être aventurée en dehors du périmètre que l’on s’était accordé pour
           tuer le monstre. Tête baissée, je tentai de contrôler les tremblements
           de mes mains.
             Où es-tu passée, Cinthya ?
             Mon cœur se mit à palpiter violemment. Ma respiration se fit
           plus courte, un sentiment insurmontable s’agitant au creux de mon
           ventre. Cela ne m’était plus arrivé depuis mes débuts. J’avais oublié
           cette sensation, celle qui nous emportait dans un tourbillon de para-
           lysie, des membres inférieurs jusqu’à gagner le corps tout entier.
             Je devais me reprendre en main et dépasser tout ceci au plus vite.
             Je  fis  demi-tour,  espérant  qu’elle  soit  retournée  à  son  poste
           entre temps. Je la voyais déjà me sourire silencieusement en guise
           d’excuses. Excuses que j’aurais vite fait d’accepter.
             Mais elle n’était pas là.
             Seules ses lames attendaient toujours sur le sol et je me rassurai
           comme je le pouvais en constatant que le gun ne s’y trouvait pas.
           Elle devait encore l’avoir à sa cuisse. Une maigre compensation qui
           m’enleva un poids, le temps de quelques secondes.



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