Page 27 - Tueuse d'Alpha - Vindicta
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reconnu, les loups-garous étant difficiles à différencier sous leur
forme lupine par simple observation. Alors pourquoi ?
Ma curiosité fut vite assouvie. La lune réussit une percée à
travers les épais nuages noirs venus de l’est et éclaira brièvement
l’immeuble en ruines, révélant la moitié de sa gueule restée dans
l’ombre. Une balafre, profondément incrustée dans la chair de sa
joue droite, le défigurait. Un détail de poids qui avait échappé aux
informateurs : aucun stigmate de cette ampleur n’était inscrit dans
son dossier, laissé par un Alpha à n’en pas douter au vu de la régé-
nération chaotique de ses cellules. Eux seuls pouvaient marquer un
loup à ce point.
Je profitai de ces quelques secondes pour mémoriser chaque sub-
tilité de son visage. Je le tenais, mon indice pour le reconnaître
n’importe où. Une blessure de cet acabit ne disparaîtrait pas, même
une fois redevenu Homme. Il ne pouvait plus m’échapper.
Je me détournai et m’approchai de la fenêtre donnant sur le vieux
bâtiment. Une main plaquée contre la vitre, je plantai mon regard
dans le sien. Il fallait que je lui montre. Quoi qu’il puisse arriver,
j’étais déterminée à le chasser jusqu’en Enfer.
Je sais que tu es là. Tu veux jouer, très bien. On va jouer. Mais
c’est moi qui gagnerai à la fin.
Les rideaux claquèrent d’un bruit sec, dissimulant à ma vue ses
babines retroussées sur des dents toujours tachées du sang de sa
dernière proie.
Cette mission était devenue une chasse personnelle et la délivrance
viendrait seulement dans la souffrance.
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