Page 119 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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no        DOGME DE LA HAUTE  MAGIE.
                        Le  mage  est véritablement  ce  que  les cabalistes
                      hébreux  appellent  le  ?M!'c/o~o~e,  c'est-à-dire  le
                     créateur du  petit  monde. La  première  science ma-
                     gique  étant la connaissance de soi-même,  la  pre-
                     mière aussi de toutes les œuvres de la  science,
                     celle  qui  renferme toutes les autres et  qui  est le
                     principe  du  grand  œuvre, c'est la création. de soi-
                     même    ce mot a besoin d'être  expliqué.
                       La raison  suprême  étant le senl  principe  inva-
                     riable,  et  par conséquent impérissable, puisque  le
                     changement  est ce  que  nous  appelons  la  mort,
                     l'intelligence,  qui  adhère fortement et s'identifie
                     en  quelque  manière à ce  principe,  se rend  par  là
                     même invariable, et  par conséquent  immortelle.
                     On  comprend que, pour  adhérer invariablement  à
                     la raison, il faut s'être rendu  indépendant  de tou-
                     tes les forces  qui produisent par  le mouvement
                     fatal et nécessaire les alternatives de la vie et de
                     la mort. Savoir souffrir, s'abstenir et mourir,  tels
                    sont donc les  premiers  secrets  qui  nous mettent
                    au-dessus de la  douleur,  des convoitises  sen-
                    suelles et de la  peur  du  néant.  L'homme  qui
                    cherche  et  trouve  une  glorieuse  mort  a  foi
                    dans  l'immortalité,  et l'humanité  tout entière  y
                    croit avec lui et  pour lui, car elle lui élève des
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