Page 124 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
P. 124
LE RÉCIPIENDAIRE. ti5
l'aventure et suivrais-je au hasard celuiqui ne sait
pas lui-même où il va?
Dans la voie des hautes sciences, il ne faut pas
s'engager témérairement, mais, une fois en mar-
che, il faut arriver ou périr. Douter, c'est devenir
fou s'arrêter, c'est tomber; reculer, c'est se préci-
piter dans un gouffre.
Toi donc qui as commencéla lecture de ce livre,
la
si tule comprends et si tu veuxle lire jusqu'à fin,
il fera de toi un monarque on un insensé. Quant à
toi, fais du volume ce que tu voudras, tu ne pour-
ras ni le mépriser ni l'oublier. Si tu es pur, ce
livre sera pour toi une lumière; si tu es fort, il
sera ton arme; si tu es saint, il sera ta religion si
tu es sage, il règlera ta sagesse.
Mais, si tu es méchant, ce livre sera pour toi
comme une torche infernale; il fouillera ta poi-
trine en la déchirant comme un poignard il res-
tera dans ta mémoire comme un remords; il te
remplira l'imagination de chimères, et il te con-
duira parla folie au désespoir. Tu voudrasen rire,
et tu ne sauras que grincer les dents, car ce livre
est pour toi comme cette lime de la fable qu'un
serpent essaya de ronger, et qui lui usa toutes les
dents.