Page 13 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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DISCOURS PRÉLIMINAIRE. 5
et en paroles les œuvres avant la parole c'est
ainsi que s'établit et se prouve le droit de parler.
Jésus se mit à faire et à parler, dit ailleurs un évan-
géliste, et souvent, dans le langage primitif de
l'Écriture sainte, une action est appelée un verbe.
Dans toutes les langues, d'ailleurs, on nomme
VERBEce qui exprime à la fois l'être et l'action, et
il n'est pas de verbe qui ne puisse être suppléé par
le verbe faire, en diversifiant le régime. Dans le
principe était le Verbe, dit l'éyangéliste saint Jean,
Dans quel principe? Dans le premier principe;
dans le principe absolu qui est avant toute chose.
Dansce principe donc était le Verbe, c'est-à-dire
l'action. Cela est incontestable en philosophie,
puisque le premier principe est nécessairement le
premier moteur. Le Verbe n'est pas une abs-
traction c'est le principe le plus positif qui soit
au monde, puisqu'il se prouve sans cesse par des
actes. La philosophie du Verbe est essentiellement
la philosophie de l'action et des faits accomplis,
et c'est en cela même qu'il faut distinguer un verbe
d'une parole. La parole peut être quelquefois
stérile, comme dans la moisson il se rencontre des
épisvides, mais leVerbe ne l'est jamais. Le Verbe,
c'est la parole pleine et féconde; les hommes ne