Page 292 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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LES TRANSMUTATIONS. 283
vengeance, car rien .n'est cruel comme les amours
dépravés. Un corps puissant, qui était intervenu
dans le procès de Grandier pour perdre en lui le
sectaire possible, sauva le père Girard pour l'hon-
neur de la compagnie. Grandier et le père Girard
étaient d'ailleurs arrivés au même résultat par des
voies biendmérentes, dont nousaurons spéciale-
ment à nous occuper dans notre seizième chapitre.
Nous agissons par l'imagination sur les imagi-
nations des autres, par notre corps sidéral sur le
leur, et par nos organes sur leurs organes. En
sorte que, par la sympathie, soit d'attrait, soit
d'obsession nous nous possédons les uns les
autres et nous nous identifions à ceux sur lesquels
nousvoulons agir. Ce sont les réactions contre cet
empire qui font succéder souvent aux sympathies
les plus vives l'antipathie la plus prononcée.
L'amour a pour tendance d'identifier les êtres;
or, en les identifiant souvent, il les rend rivaux,
et par conséquent ennemis, si le fond des deux
natures est une disposition insociable, comme serait
par exemple l'orgueil; saturer égalementd'orgueil
deux âmes unies, c'est les désunir en les rendant
rivales. L'antagonisme est le résultat nécessaire de
la pluralité des dieux.