Page 340 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
P. 340
LES PHILTRES ET LES SORTS. 331
malheureusement doués de cette puissance Pour
s'en garantir, il faut porter sur soi des cornes,
disent les experts, et le peuple, qui prend toùt à
lalettre, s'empresse de sedécorer de petites cornes,
sans songer davantage au sens de cette allégorie.
Les cornes, attributs de Jupiter Ammon, de Bac-
chus et de Moïse, sont le symbole de la puissance
morale ou de l'enthousiasme et les magiciens
veulent dire que, pour braver la jettatura, il faut
dominer par une grande audace, par un grand
enthousiasme ou par une grande pensée le courant
fatal des instincts. C'est ainsi que presque toutes
les superstitions populaires sont les interprétations
profanes de quelque grand axiome ou de quelque
merveilleux arcane de la sagesse occulte. Pytha-
gore, en écrivant sesadmirables symboles, n'a-t-il
pas légué aux sages une philosophie parfaite, et au
vulgaire une nouvelle série de vaines observances
et de pratiques ridicules? Ainsi, quand il disait
Ne ramasse pas ce qui tombe de la table, ne coupe
pas les arbres du grand chemin, ne tue pas le ser-
pent qui est tombé dans ton enclos, ne donnait-il
pas sous des allégories transparentes les préceptes
de la charité, soit sociale, soit particulière? Et
quand il disait Ne te regarde pas au miroir à la