Page 336 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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LES PHILTRES ET LES SORTS. 327
plus fort. Ils faisaient cuire avec le suc blanc de la
tithymale le lait où ils avaient noyé des vipères et
des aspics; ils recueillaient avec soin et rappor-
taient de leurs ou faisaient venir à
voyages, grands
frais, ta ~éve du mancenilier ou les fruits mortels
de Java, le suc du manioc et d'autres poisons ils
pulvérisaient le silex, mêlaient à des cendres impu-
res la bave desséchée des reptiles ils composaient
des philtres hideux avec le virus des juments
écbaunëes ou les sécrétions des chiennes en cha-
leur. Le humain se mêlait à des
sang drogues
infâmes, et l'on en composait une huile qui tuait
par sa seule puanteur: cela rappelle la tarte
bourbonnaise de On écrivait même des
Panurge.
recettes d'empoisonnement en les déguisant sous
les termes techniques de l'alchimie, et, dans plus
d'un vieux livre prétendu hermétique, le secret de
la poudre de projection n'est autre que celui de la
poudre de succession. Dans le grand Grimoire on
trouve encore une de ces recettes, moins déguisée
que les autres, mais intitulée seulement Moyen
faire de l'or: c'est une horrible décoction de vert-
de-gris, de vitriol, d'arsenic et de sciure de bois,
qui doit, pour être bonne, consumer immédiate-
ment un rameau qu'on y trempe et ronger rapi-