Page 338 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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LES PHILTRES ET LES SORTS. 329
que la terrible aqua Toffana; celui en poudre fera
dessécher ou vieillir en quelques jours, puis mou-
rir au milieu d'horribles souffrances, ou dans une
atonie universelle, celui qui en aura pris une pin-
cée mêlée avec son breuvage. H faut convenir que
cette recette a une physionomie magique des plus
laides et des plus noires, et qu'elle rappelle, à sou-
lever le cœur, les abominables cuisines de Canidie
et de Médée.
C'étaient de semblables poudres que les sorciers
du moyen âge prétendaient recevoir au sabbat, et
qu'ils vendaient à grand prix à l'ignorance et à la
haine c'est par la tradition de semblables mystères
qu'ils répandaient l'épouvante dans les campagnes
et parvenaient à jeter des sorts. Une fois l'imagi-
nation frappée, une fois le système nerveux atta-
qué, la victime dépérissait rapidement, et la ter-
reur même de ses parents et de ses amis achevait
sa perte. Le sorcier ou la sorcière était presque
toujours une espèce de crapaud humain, tout
gonflé de vieilles rancunes, ils étaient pauvres,
repoussés de tous, et par conséquent haineux. La
crainte qu'ils inspiraient était leur, consolation et
leur vengeance empoisonnés eux-mêmes par une
société dont ils n'avaient connu les rebuts et
que