Page 138 - Les Kamasutra
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volonté, et jouissent des femmes, à l’exception de leurs propres
          mères.

            Dans   le   Stri   Rajya,   les   femmes   du   Roi   s’abandonnent   à   ses
          compagnons de caste et à ses parents. Dans le Ganda, les femmes du
          Roi sont à la discrétion des Brahmanes, de leurs amis, de leurs
          domestiques et de leurs esclaves.
            Dans le Samdhava, les domestiques, les frères de lait et autres
          personnes de même sorte jouissent des femmes du harem. Dans le
          pays   des   Haimavatas,   d’aventureux   citoyens   corrompent   les
          sentinelles et pénètrent dans le harem. Dans le pays des Vanyas et des
          Kalmyas, les Brahmanes, au su du Roi, entrent dans le harem sous le
          prétexte de donner des fleurs aux dames, causent avec elles derrière
          un rideau, et arrivent ensuite à les posséder. Enfin, les femmes du
          harem du Roi des Prachyas tiennent caché dans le harem un jeune
          homme, par chaque série de neuf ou dix femmes.
            Ainsi font les épouses d’autrui.
            Pour ces raisons, chaque mari doit veiller sur sa femme. De vieux
          auteurs   disent   qu’un   Roi   doit   choisir,   pour   sentinelles   dans   son
          harem, des hommes bien connus pour n’avoir pas de désirs charnels.
          Mais ces hommes, quoique affranchis eux-mêmes de désirs charnels,
          peuvent, par crainte ou avarice, introduire d’autres personnes dans le
          harem ; ce qui fait dire à Gonikaputra que les Rois doivent placer
          dans le harem des hommes à l’abri des désirs charnels, de la crainte
          et   de   l’avarice.   Enfin  Vatsyayana   observe   qu’il   peut   entrer   des
          hommes sous l’influence de D’arma, et en conséquence il faut choisir
          des gardiens également inaccessibles aux désirs charnels, à la crainte,
          à l’avarice et à Dharma.

            Les disciples de Babhravya disent qu’un mari doit faire lier sa
          femme avec une autre, qui lui rapportera les secrets du voisinage, et
          le renseignera sur la chasteté de sa femme. Mais Vatsyayana répond
          que des personnes malintentionnées réussissent toujours avec les
          femmes, et qu’un mari ne doit pas exposer son innocente épouse à se
          corrompre dans la compagnie d’une coquine.
            La chasteté d’une femme se perd par l’une des causes ci-après :



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