Page 140 - Les Kamasutra
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SIXIÈME PARTIE






                                DES COURTISANES

            Cette   Sixième   Partie,   sur   les   Courtisanes,   a   été   rédigée   par
          Vatsyayana d’après un traité sur la matière, écrit par Dattaka pour les
          femmes de Pataliputra (la moderne Patna), il y a environ deux mille
          ans. Il ne paraît pas que l’ouvrage de Dattaka existe encore ; mais
          l’abrégé de Vatsyayana est très remarquable.
            On   a   beaucoup   écrit   au   sujet   de   la   courtisane :   nulle   part
          cependant on n’en saurait trouver un portrait plus fidèle, ni une
          description plus vraie de ses débuts, de ses idées, du travail de son
          esprit, que dans les pages suivantes.
            Des détails de la vie domestique et sociale des anciens Hindous ne
          seraient pas complets si l’on passait sous silence la courtisane : aussi
          la   Sixième   Partie   est-elle   entièrement   consacrée   à  ce   sujet.   Les
          Hindous ont toujours eu le bon sens de reconnaître les courtisanes
          comme un élément de la société humaine, et aussi longtemps qu’elles
          se sont conduites avec décence et modestie, elles ont été entourées
          d’une sorte de respect. Elles n’ont jamais, en tout cas, été traitées en
          Orient  avec  cette brutalité  et ce  mépris  si communs  dans  notre
          Occident ; et leur éducation a toujours été supérieure à celle des
          autres femmes dans les contrées orientales.

            Si l’on remonte aux époques les plus reculées, la jeune danseuse
          et la courtisane hindoue bien élevée ressemblaient à l’hétaïre des
          Grecs ;   instruites   et   aimables,   elles   faisaient   des   compagnes   de
          beaucoup préférables à la généralité des femmes mariées ou non


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