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comme  cela  avait  failli  se  produire  dans  les  années  qui  ont  suivi  la  crise
               financière  de  2007-2008  avant  que  la  BCE  intervienne  en  achetant

               massivement des titres publics sur le marché secondaire.


               La  réaction  du  gouvernement  allemand  à  cet  arrêt  est  une  évolution
               majeure  par  rapport  à  la  situation  antérieure.  Jusque-là,  l’Allemagne
               refusait par principe tout mécanisme de solidarité financière entre les États.

               Elle  refusait  ainsi  l’émission  d’eurobonds  qui  aurait  permis,  une
               mutualisation,  non  pas  des  dettes  publiques,  mais  des  taux  d’intérêt
               auxquels les États empruntent. La création d’eurobonds n’était pourtant pas

               une  solution  miracle  car  elle  laissait  toujours  la  dette  publique  sous
               l’emprise des marchés financiers et de plus les États auraient dû de toute
               façon payer la charge d’une dette qui aurait augmenté régulièrement, même

               si  aujourd’hui  les  taux  d’intérêt  sont  très  faibles,  voire  négatifs  pour
               certains pays. Pourtant même cette solution était refusée par l’Allemagne.

               La  proposition  « Macron-Merkel »  change  notablement  la  donne.  Il  s’agit
               d’un plan de relance européen de 500 milliards d’euros pour aider les pays,
               régions  et  secteurs  économiques  les  plus  touchés  par  la  pandémie.  Cette

               somme  devrait  être  financée  par  un  emprunt  européen  levé  par  la
               Commission. Elle serait ensuite répartie suivant les besoins. Il s’agirait donc
               de subventions et non de prêts. Le remboursement serait donc mutualisé au

               niveau  européen.  Pour  la  première  fois  donc,  l’Allemagne  accepte  un
               mécanisme de solidarité financière au niveau européen. C’est un tabou qui
               tombe.


               Mais plusieurs inconnues demeurent. D’abord sur la proposition elle-même.

               Quels  seront  les  critères  mis  en  avant  pour  accorder  ces  subventions ?
               Seront-elles basées sur la rentabilité financière future ou sur des critères
               sociaux et écologiques ? De plus, il faut remarquer que la somme envisagée

               représente  moins  de  3  %  du  PIB  européen.  Il  est  douteux  que  cela  soit
               suffisant pour absorber le choc subi par l’économie européenne. Comment
               se  passera  le  remboursement  de  l’emprunt ?  S’il  passe  par  le  budget

               européen, le risque est de reprendre d’une main ce qui aura été donné de
               l’autre. Il faudrait donc pour opérer ce remboursement mettre en place des
               instruments fiscaux au niveau européen comme par exemple une taxe sur

               les transactions financières, ce qui serait une innovation majeure.
               A moins qu’un autre tabou ne tombe, celui du rôle de la BCE. En effet, au

               lieu  d’emprunter  sur  les  marchés  financiers,  il  serait  possible  que  la


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