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situés  à  gauche  vont  dans  le  même  sens.  Il  s’agit  de  démontrer  le
                   caractère  incontournable  des  questions  posées  par  l’écologie  tout  en

                   suppliant les grandes entreprises, le pouvoir, les citoyens de se serrer les
                   coudes  pour  changer  la  donne.  Mais  en  refusant  d’assumer

                   l’affrontement  avec  ses  adversaires,  cette  écologie  là  en  dépolitise  les
                   enjeux. Or la crise du Coronavirus a montré que la lutte de classes -
                   ou  plutôt  au  sens  de  Bruno  Latour,  la  lutte  des  « classes  géo-

                   sociales »  -  traverse  l’écologie  politique.  Les  inégalités  sociales,
                   écologiques et territoriales n’ont jamais été aussi profondes. En France,
                   le territoire qui a payé le plus cher est la Seine -St -Denis, département le

                   plus pauvre de France, un des plus pollués, là où les foyers de migrants
                   sont les plus nombreux, là où le logement est le plus dégradé, là où le
                   précariat et les bas salaires sont la règle… Ce sont les derniers et d’abord

                   les  dernières  de  corvée  qui  ont  sauvé  les  vies :  aides-soignantes,
                   infirmières,  caissières,  éboueurs,  travailleuses  du  nettoyage…  Ce  sont

                   elles  et  eux  qui  ont  payé  de  leur  santé  et  parfois  de  leur  vie  leur
                   engagement.  Elles  et  eux  ne  pouvaient  ni  se  délocaliser  dans  le  télé
                   travail, ni fuir dans leurs maisons de campagne. Ceux qui continuent à

                   déclamer des principes écologiques abstraits sont déqualifiés. L’entraide,
                   la solidarité populaire, la coopération, la mutualisation des moyens ont
                   été portées non par les experts de l’écologie d’en haut mais par celles et

                   ceux qui ont construits des solidarités par en bas.

                La réponse réelle des partisans de la croissance verte : ceux-ci qui se

                   confondent  parfois  avec  les  précédents  sont  réunis  dans  de  multiples
                   cercles patronaux ou d’économistes  ou de Think Thank misent sur un

                   New Green Deal européen pour relancer la croissance. Ils s‘appuient sur
                   l’écologie  meanstream  pour construire  une  alternative  aux  entreprises
                   du capital carboné. Les Verts allemands notamment sont à la manœuvre

                   comme les Verts autrichiens, déjà au pouvoir avec le chancelier Kurtz, le
                   néoconservateur  naguère  allié  aux  néo  fascistes.  En  France  une  partie
                   des macronistes se verraient bien piloter cette politique en liaison avec

                   tout  ou  partie  d’EELV.  Ce  qui  est  intéressant  dans  les  cas  autrichiens,
                   suédois,  allemands  et  même  français ,  c’est  que  là  où  des  écologistes
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                   sont  impliqués  dans  des  politiques  réelles,  cela  ne  change  strictement






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                 En France avec le lobbyisme écolo libéral de Dany Cohn Bendit, Pascal Canfin ou du groupe
               parlementaire Ecologie- Démocratie-Solidarité qui réunit les macronistes de l’extérieur
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