Page 78 - Lux in Nocte 17
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-Effectivement. En tant qu’être « quantique » les possibilités de voyager dans le
temps, dans l’espace, d’accéder au fonds de la connaissance collective, ne peuvent
pas être intégrées dans notre ancienne matrice existentielle.
-Je suis donc un autre ? Invisible dans l’ancienne humanité ? Sans image dans un
miroir ?
-Oui et non. Un terrien de l’ancienne époque aurait pu vous apercevoir comme un
fantôme ; un passe-partout intouchable issu d’un autre monde, et sans doute
dangereux. Souvenez-vous de « noli me tangere » !
-Je ne comprends pas ce propos.
-Vous progressez vite. Vous avez évité l’habituel « je ne vois pas » ! D’ailleurs
comment avez-vous apprécié cette célèbre injonction, ce refus de la part de quelqu’un
qui était si proche de tout humain ?
-Je ne me rappelle plus, mais quelle est la signification ?
-En latin : « ne me touche pas » !
-Cela je le savais. Je n’ai pas demandé la traduction mais la signification.
-Eh bien. Le personnage qui l’avait dit appartenait sans doute à plusieurs mondes et
possédait des qualités inexplicables pour ses congénères. Le toucher dans l’état et le
moment exceptionnel dans lequel il se trouvait pouvait être dangereux pour un non
averti. L’intrus aurait pu prendre connaissance brutalement d’un monde
surdimensionné, se perdre dans la conscience universelle… devenir « fou » aux yeux
de ses concitoyens et peut-être suicidaire car incompris et dans l’impossibilité de
comprendre le monde entrevu. A ce sujet, même si nous avons supprimé les miroirs,
et même si votre état quantique ne peut pas être reflété, il reste un danger minime. Il
s’agit de vous « apercevoir » dans une « âme sœur » et flatté par son amour, hébété
d’admiration pour soi, vous perdre et vous désagréger dans les profondeurs infinies
de son amour aux velléités et dimensions universelles. Cela m’est arrivé au début de
ce nouveau monde. En voyageant à travers mon regard, je me suis trouvé au risque
d’une déchirure fatale, au bord de la galaxie. Toujours à l’écoute de l’écho de ma
beauté, de mon charme, de ce qui avaient provoqué l’amour d’Ariane pour moi , je
faillis me perdre dans l’éternité.
-Et comment y avez-vous échappé ?
-Dans un rêve mon alter-ego m’a envoyé l’image d’une fleur suivie d’un mot :
« Rappelle-toi ton nom d’avant ! »
Après une longue période, revenu à mes
dimensions actuelles, j’ai compris que la beauté ne m’a
été donnée que pour me réaliser, dans l’« UN ».
-Et Echo?
-Après quelques années d'incertitude, elle s'est accomplie dans le silence.
la fenêtre. Au bout du jardin, deux singes
Mon regard glissa vers
s'éloignaient en se tenant par la main. Des amoureux. Un troisième surgit et
donna un coup de pied à celui qui était "le garçon" et qui disparu vite dans
les bois. J'ai souri. L'humanité n'allait pas tarder de renaître!
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