Page 6 - Le grimoire de Catherine
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neutres à mon avis, nous les observerons eux aussi. Nous serons dans l’obligation de
nous aventurer près des deux grandes tours abandonnées depuis si longtemps. Ne
fais pas la grimace, elles ont gardées tant de secrets que tout est possible. Et puis , il
ne faudra pas oublier les quelques personnes qui se montrent différentes des autres,
considérées par les gens bien pensant comme des marginaux ,des fous . Quant au
Roi et à la Reine, nous verrons ça plus tard. Top- là ». Les deux compères étaient
maintenant prêts.
Il fut facile de se glisser au milieu de tous ces hommes – pions. Pas la peine de
formuler des questions, chacun y allait de sa certitude. Pour certains, ce n’était pas
étonnant qu’il y ait eu vol puisqu’un cirque avait planté, il n’y avait pas si longtemps son
chapiteau. On sait que tous ces saltimbanques sont toujours à l’affût d’un larcin à
réaliser. Et puis ce tuyau était en étain ou en plomb et tout cela vaut cher à la
revente. De plus on ne savait rien d’eux. D’où venaient-ils ? Où allaient-ils. Quel dieu
vénéraient- t-ils ? Quelles étaient leurs habitudes ? Avaient- ils des valeurs ? Ils
pouvaient être les coupables potentiels.
Etourdis par ce brouhaha, ils décidèrent d’aller observer les chevaux qui mènent,
c’est bien connu, une course effrénée autour de leur église depuis plusieurs siècles
quand tout le monde dort. Qui aurait pu cacher ce fichu morceau de métal contre leur
poitrail cuirassé, tout en ronde bosse? A la vue du nombre de nids d’oiseaux qu’ils
abritaient, ils en conclurent, qu’il y avait bien longtemps que ces beaux équidés
s’étaient lassés de ces folies. Ils se contentaient maintenant de se faire
admirer, ayant atteints l’âge de raison. Ils étaient hors d’atteinte et aucun bandit ne
pouvait les utiliser comme cachette. Le couple royal n’avait pas dû s’attarder non plus,
la fillette avait bien observé les alentours de cette église et n’avait trouvé aucune trace
de paillettes oubliées sur la pelouse environnante. L’enquête piétinait, l’enfant
trépignait, Monsieur Meunier souriait !
« -Il va te falloir mettre tes bottes ma petite, nous allons essayer d’explorer tous les
buissons épineux qui ont pu dresser ainsi une barrière dissuasive pour les curieux
autour de nos deux vieilles tours. Astucieuse cachette ne crois-tu pas ? Et puis je suis
persuadé que dans la mémoire collective il doit bien y avoir quelque reliquat de
légende autour de ces lieux considérés comme maléfiques. Souviens-toi des histoires
que l’on te racontait. Dans ces ruines il y avait souvent des chauves-souris et des
fantômes. Moi si j’avais quelque chose à dissimuler, je choisirai bien ce refuge
insolite »
Comment résister à de tels arguments ? Et puis Monsieur Meunier était un sage, il
savait de quoi il parlait ! Ils s’y aventurèrent mais ne trouvèrent rien. Ils ne
dérangèrent qu’une famille de grenouilles et quelques araignées qui se précipitèrent
pour reconstruire leur toile détruites par leur passage.
La dernière des solutions proposées était celle de rencontrer « les fous » .C’est ainsi
que les habitants-pions nommaient ceux qui ne pensaient pas comme eux.
Ils s’approchèrent sur la pointe des pieds et poussèrent la barrière enguirlandée
d’herbes folles, cela leur sembla très logique. Une petite pancarte y était
suspendue « Attention à ne pas piétiner nos rêves ».Ils échangèrent un regard
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