Page 28 - Bulletin, Vol.81 No.1, May 2022
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Depuis 2019, le Mosquirix fait l'objet d'un programme pilote : plus de 2,3 millions de
doses ont ainsi été administrées à des enfants au Ghana, au Kenya et au Malawi. Les
résultats montrent qu'il réduit de 30 % les formes graves du paludisme.
Les essais cliniques de phase 3 ont démontré que le vaccin, lorsqu'il est administré en
quatre doses, prévient 4 cas de paludisme sur 10, et 3 cas sur 10 de paludisme grave
menaçant le pronostic vital. Cela en fait donc le seul vaccin ayant montré jusqu'à
présent une certaine efficacité.
Ce vaccin ne sera donc pas la clé pour éradiquer le paludisme, il s'agit d'un nouvel outil
qui vient s'ajouter aux traitements préventifs (artémisinine, chloroquine, etc.) et aux
répulsifs déjà présents dans l'arsenal antipaludique, surtout parce que la résistance aux
médicaments augmente. Une combinaison entre vaccin et traitement préventif pourrait
réduire les hospitalisations et les décès.
Vers des vaccins plus efficaces ?
En parallèle, d'autres vaccins suscitent l'espoir de la communauté scientifique. L'un
d'eux, le R21/Matrix M, développé par l'Université d'Oxford, a ainsi montré des résultats
très prometteurs en affichant, à l'issue de sa phase II, une efficacité de 77 %. La
troisième phase a débuté auprès de 5 000 enfants au Kenya, en Tanzanie, au Burkina
Faso et au Mali. Les résultats sont attendus en 2023.
En juillet, le laboratoire BioNTech avait, de son côté, indiqué vouloir lancer des essais
pour un vaccin utilisant la technologie de l'ARN messager, dans la foulée des vaccins
développés contre le Covid-19.
Limites logistiques
Avant le déploiement massif du vaccin RTS,S, de nombreux défis logistiques vont aussi
se poser. Le premier concerne le financement de ces vaccins.
Il est nécessaire de lever les brevets, pour permettre leur production sur place et leur
déploiement à moindre coût, de façon à les administrer gratuitement. Le paludisme
touche principalement les enfants les plus vulnérables et en situation de grande
pauvreté. Il est essentiel qu'ils puissent bénéficier de cette nouvelle arme.
Il va donc falloir rapidement s'atteler à la question des ressources : qui va financer ?
La question de l'accès aux soins va aussi se poser. La maladie touche en grande partie
une population réfugiée ou nomade. Comment s'assurer que ces enfants vont pouvoir
bénéficier des quatre doses nécessaires ?
Le travail est donc loin d'être terminé, il faut maintenant développer un vaccin plus
efficace, valable pour d'autres catégories d'âge et renforcer les traitements préventifs.
Références : Rapport mondial de l’OMS sur le paludisme 2021
http://www.nature.com> nature africa> news feature
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