Page 18 - Bulletin, Vol.78 No.2, June 2019
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laquelle le BIT devait faire une place. En mai 1976, il organisa la première réception
jamais organisée à l'intention des fonctionnaires retraités du BIT, un exemple qui devait
bientôt être suivi par d'autres organisations, et qui s'est toujours déroulée deux fois par
an depuis.
Aamir a été dix ans Chef du personnel - plus que la plupart des autres, peut-être même
plus que pour ses postes précédents - et a pris sa retraite en 1985. Mais pour lui, la
retraite n'a pas signifié « dolce far niente ». Il a continué de prendre des initiatives en
faveur de la communauté des fonctionnaires à la retraite du BIT, dont il était devenu
membre, en lançant un bulletin d'information à leur intention en 1986, qui a duré 30 ans.
Il a rejoint le comité de l'AAFI / AFICS et en a été le président pendant plusieurs
années. Sa retraite était super-active jusqu’à ce qu’un malheureux accident l’ait rendu
gravement handicapé. Avec son épouse Clare, il a alors été obligé de s’installer dans
une maison de retraite où il a été soigné jusqu’à sa mort, à l'âge de 95 ans, en
décembre dernier.
Il y a quelques années à peine, j'ai découvert qu'Aamir avait rédigé en 1990 une étude
intitulée « La fonction publique internationale : du concept à la réalité ». Il y décrit
en détail les dispositions relatives à l'indépendance et à l'intégrité de la fonction
publique internationale qui sont énoncées dans des termes presque identiques dans la
Charte des Nations Unies et dans les Constitutions des institutions spécialisées et
renforcées dans le Statut du personnel des organisations du Système Commun. Ces
dispositions imposent des obligations réciproques aux fonctionnaires internationaux («
Dans l'exercice de leurs fonctions, le Secrétaire général et le personnel ne doivent
solliciter ni recevoir d'instructions d'aucun gouvernement ni d'aucune autorité extérieure
à l'Organisation. Ils doivent s'abstenir de tout acte qui peut avoir un impact sur leur
position en tant que fonctionnaires internationaux relevant uniquement de l'Organisation
») mais aussi vis-à-vis des les gouvernements nationaux (« Chaque Pays-Membre des
Nations Unies s'engage à respecter le caractère exclusivement international des
responsabilités du Secrétaire général et de son personnel et à ne pas chercher à les
influencer dans l’exercice de leurs responsabilités »). « Si ces principes élevés ont été
reconnus et acceptés par tous les États- membres et les Chefs de Secrétariat »,
demande Aamir dans cette étude, « s'ils étaient inscrits dans la Charte et dans une
douzaine de Constitutions, comment se fait-il qu'ils semblent si souvent ignorés ?
Pourquoi la réalité est-elle si loin du concept ? "
Ces questions ont sûrement hanté chacun de nous au cours de nos carrières
internationales, et l’étude d’Aamir est une analyse détaillée de l’ampleur et des raisons
pour lesquelles ces principes fondamentaux ont été ignorés et violés. Il termine sur une
note raisonnablement positive :
Les fonctions publiques nationales ne se sont pas construites en un jour. Il est évident
que la fonction publique internationale mettra également du temps à mûrir. Ce sera un
long processus qui nécessitera plusieurs chefs de secrétariat forts et dévoués et une
diminution des pressions gouvernementales de ces dernières décennies. C’est une idée
qui n’est pas aussi éloignée de la réalité que cela puisse paraître. Cette réalité repose
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