Page 22 - Bulletin, Vol.78 No.2, June 2019
P. 22

Parallèlement à ce travail, Catherine obtient une maîtrise d’anglais à l’université Paris
            VII  et  commence  à  enseigner  à  temps  partiel.  Elle  s’implique  aussi  dans  un
            engagement  pour  la  cause  des  femmes  et  c’est  à  cette  époque  que  se  nouent  de
            grandes amitiés, notamment avec Christine Cornwell, fonctionnaire au BIT.

            En 1975, peu après la disparition de sa mère, un besoin de liberté la saisit, comme un
            « retour à la terre ». Un projet agricole prend naissance, qui sera mis en œuvre dans le
            sud-ouest de la France (Aveyron) avec l’achat d’une ferme, Lacombe, et rendu possible
            par un départ en retraite anticipé de l’ONU. Commence alors pour elle une nouvelle vie
            d’exploitante dans le Rouergue, où elle s’engage dans l’élevage ovin, la vie au grand air
            dans  une  nature  préservée  combinée  à  un  travail  créatif  en  tissage  et  tapisserie,
            relativement  solitaire.  Grande  liseuse,  la  découverte  du  judaïsme  et  la  pensée  des
            jeunes intellectuels juifs l’occupera beaucoup, ainsi que le projet d’un livre sur son père
            Pierre Lévy, éditeur méconnu. Un ouvrage en sortira après dix ans de recherches : Du
            colportage à l’édition – BIFUR et les éditions du Carrefour - Pierre Lévy, un éditeur au
            temps des avant-gardes, paru en 2004 chez Métropolis à Genève. Ce livre, visant faire
            connaître un homme engagé aux côtés des surréalistes, au rôle trop souvent occulté
            par l’histoire de l’art, obtient le prix de la commission de littérature de langue française
            du canton de Berne en 2005.

            Notre mère nous initia à la musique qu’elle adorait (de J.S. Bach aux Rolling Stones),
            nous faisant chanter comme elle en chorale et jouer du piano, et nous encouragea à la
            lecture. D’une grande culture, elle était curieuse de tout, découvrant le jeune cinéma
            allemand ou la danse contemporaine américaine et française. Grande voyageuse, elle
            nous  fit  découvrir  l’Angleterre,  la  Grèce  et  la  Méditerranée,  notamment  par  plusieurs
            séjours en Italie et sur la Côte d’Azur, sans oublier le ski alpin qu’elle pratiquait avec
            nous. Elle se forma avec succès à l’informatique à plus de soixante-dix ans pour les
            besoins de son livre. Indépendante, courageuse, volontaire, exigeante et d’une grande
            intelligence, elle marqua tous ceux qui la croisèrent, notamment ses six petits-enfants
            qui  l’admiraient  dans  sa  ferme,  autant  en  l’écoutant  leur  lire  des  histoires  le  soir  au
            coucher qu’en l’accompagnant au volant de son tracteur lorsqu’il fallait approvisionner
            les  brebis  en  bottes  de  foin,  suivie  de  son  chien  fidèle  et  efficace.  Attentive  à  l’art
            contemporain,  elle  avait  des  amis  peintres  et  siégeait  au  conseil  d’administration  de
            l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, monument historique remarquable de sa région et
            centre d’art contemporain, dont elle connaissait bien la directrice.

            Catherine fut victime d‘un accident cérébral fin 2011. Pensionnaire d’un établissement
            de la région parisienne, elle est décédée le 30 mai 2018 à l’âge de quatre-vingt-seize
            ans.














            20                                                  AAFI-AFICS BULLETIN, Vol. 78 No. 2, 2019-06
   17   18   19   20   21   22   23   24   25   26   27