Page 21 - Bulletin, Vol.78 No.2, June 2019
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HOMMAGE À CATHERINE LAWTON
Par ses fils, Pierre-Olivier DREGE et Marc LAWTON
Catherine LAWTON, Catherine LEVY, notre mère, est née le 24
février 1922 à Paris. Elle avait rejoint l’ONU après la guerre dès la
création de l’organisation. Elle y fera toute sa carrière professionnelle
comme interprète. Ce choix professionnel n’était pas dû au hasard :
contribuer à maintenir la paix était la grande affaire de sa vie.
Elle avait en effet auparavant rallié la résistance contre l’occupant
nazi, puis, l’étau se resserrant, s’était finalement résignée à se
réfugier à Genève - d’où sa mère était originaire - après un exode
dramatique. Elle et ses parents avaient dû tout quitter en 1940 lors de
l’entrée des Allemands dans Paris, notamment leur appartement qui sera pillé. A
Genève, engagée dans l’OSE (œuvre de secours aux enfants), elle fera passer en
Suisse des dizaines d’enfants juifs à la douane de Moillesulaz pour les sauver de la
déportation.
Sa formation parallèle à l’école d’interprètes de Genève lui permet d’exercer dès la
libération comme officier au sein de l’armée française, puis à la conférence pour la paix
au Palais du Luxembourg à Paris, avant de rejoindre les Etats-Unis. En effet, c’est en
1946 que l’ONU commença ses travaux à Lake Success sur Long Island, près de New
York.
Elle y donne naissance à un premier fils issu de son premier mariage avec Stéphane
Drège, lui-même traducteur à l’ONU. Quatre ans auparavant, son père était décédé en
1945 à Paris.
L’état de santé de sa mère oblige Catherine à revenir en Europe et elle s’installe à
Genève au début des années cinquante, travaillant au Palais des Nations comme
fonctionnaire, exerçant ses talents d’interprète simultanée entre anglais et français, y
rajoutant plus tard l’espagnol. Elle y suivra notamment les conférences sur le
désarmement et des négociations internationales hautement sensibles, toujours
inquiète de la situation politique mondiale et des menaces pesant sur la paix. Ses
missions l’emmèneront à Cuba d’avant Castro, au Mexique, en Amérique du Sud
(Bolivie, Pérou), en Afrique de l’Ouest (Niger, Mali) et en Inde (Delhi). A la fin de sa
carrière, on lui propose de diriger le service des interprètes du Palais des Nations.
En 1955, un deuxième fils naît de son mariage avec Paul Lawton, sujet britannique qui,
de son côté, suivra également une carrière de fonctionnaire international, d’abord à
l’ONU, puis à l’OMS.
Installée d’abord à Ferney-Voltaire en France frontalière, la famille déménage en Suisse
au milieu des années soixante à Colovrex, hameau proche du Grand-Saconnex dans le
canton de Genève. Catherine maintiendra de fidèles amitiés à l’ONU, notamment des
interprètes comme elle : Jean Halpérin, Anya Berger, Dina Léveillé, Alexandre Bloch…
AAFI-AFICS BULLETIN, Vol. 78 No. 2, 2019-06 19