Page 22 - Bulletin, Vol.78 No.3, October 2019
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HOMMAGE À MR MADJID MADANI


                                                                                         Par Rafik Saidi


                              Le dimanche 21 Juillet, Mr Madjid Madani nous a quittés suite à une
                              longue maladie. Il avait 83 ans. Il laisse derrière lui Paulette, sa femme
                              de toujours et une fratrie plus large dont il était l’ainé. Il a apporté sa
                              contribution au HCR à Genève, notamment au service des ressources
                              humaines et sur le terrain (Malaisie, USA, Afrique de l’Ouest) dans le
                              domaine  de  la  gestion  des  programmes  d’assistance  durant  les
                              décennies 70 -80.


                               Pour ceux qui l’ont connu, Mr Madani était le dernier d‘ une génération
                              d’Hommes  comme  on  n’en  fait  plus.  Il  portait  l’exigence  morale  en
            étendard  tant  l’éducation  qu’il  a  reçue  de  son  père,  laborantin  de  profession,  et  les
            valeurs  dont  il  s’est  imprégné  tout  au  long  de  sa  vie  étaient  bâties  sur  deux  piliers :
            Respect et Intégrité.

            Respect de l’autre, respect de la parole donnée, respect de soi. Il avait une conscience
            de  soi  qui  alliait  l’humilité  à  une  grande  force  intérieure.  C’est  ce qui a construit sa
            dignité  et  son  sens  de  l’honneur.    Burkinabé,  il  l’était  par  le  cœur,  car  il  était  d’une
            honnêteté  intellectuelle  et  d’une  probité  à  toutes  épreuves.  Sa  personnalité  était
            étanche à la démesure, à la rumeur et au commentaire.

            La vie de Madjid s’est faite et s’est construite autour de son attachement aux principes.
            Tel  Emile  Zola,  l’injustice  l’insupportait.  Très  jeune  dans  les  années  50,  il  intégra  le
            Mouvement des Etudiants Algériens pour l’Indépendance de l’Algérie avant de partir en
            France  et  poursuivre  son  combat  autrement.  Instituteur  d’abord,  il  a  ensuite  rejoint
            l’OUA  ou  il  a  travaillé  aux  cotés  de  l’illustre  diplomate  Mohamed  Sahnoun  avant
            d’entamer une carrière au HCR. Grand admirateur de Camus dont l’œuvre a abreuvé
            son esprit fécond, il a consacré sa vie à l’action jusqu’à n’en plus pouvoir.

            Plein  de  tact,  Madjid  avait  une  chaleur  d’âme  vertueuse,  une  bienveillance  et  une
            empathie qui rayonnaient autour de lui, fut ce dans son quotidien aux cotés des refugiés
            ou  sur  le  plan  privé,  auprès  des  siens.    Sa  vie  fut  une  synthèse  d’humanisme  et  de
            jansénisme.  Il  avait,  tel  Montaigne,  cette  suffisance  de  se  contenter  qui  ramenait  le
            monde matériel à sa juste dimension subalterne.

            Madjid,  c’est  aussi  une  âme  d’explorateur ;  De  l’Afghanistan  ou  il  a  travaille  dans  le
            cadre  de  la  coopération  française  à  l’Afrique  et  l’Asie,  il  a  profite  de  sa  retraite  pour
            découvrir de nouveaux horizons. Sa curiosité l’emmena de Sydney à Saint Petersbourg
            en passant par le Brésil et le Canada. Ce sont ces voyages, ces rencontres qui ont aidé
            à en faire un homme ouvert, un homme de grande culture, qui sait écouter et qui, tel un
            sage, sait résumer en peu de mots la foisonnante complexité d’une situation.


            Ces dernières années, Madjid a du endurer les souffrances imposées par la maladie ; Il
            s’est progressivement coupé de la vie, rendant sa vie moins sociale et plus une retraite


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