Page 26 - Bulletin, Vol.78 No.3, October 2019
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La barque fait en moyenne, 2 à 3 voyages par semaine entre Meillerie et Genève, soit
environ 80 à 85 voyages car pendant les mois de décembre à février, elle ne navigue
pas.
Parfois, les barques régataient, pour l’honneur, celle dépassant une autre avait la
coutume de montrer un balai. La boussole n’était guère utilisée, la nuit on se dirigeait
d’après les lumières de la rive.
La vie autour des barques à Meillerie
On devenait batelier à 14 ans.
Au moment de charger, les bateliers amenaient la barque près des chemins de
roulement. Chargeant d’abord des gros blocs du coté de l’eau, puis des rochers plus
petits vers l’intérieur, on laissait un passage au centre de la barque tout du long pour
effectuer les manœuvres. Si la barque chargeait du bois, celui-ci était disposé en carré,
devant le plus grand des mats, les fascines étant entassées dans la cale. Le Dimanche
pas de travail avant minuit. Il semblerait que la préoccupation principale du Patron à
Meillerie était de réunir un équipage, les cherchant dans un des 50 bistrots, le village
ayant environ 800 personnes, carriers, cordiers, bateliers, tailleurs de pierres, fabricants
de voiles, familles, etc.
Pendant le trajet, par vent normal le bateau avançait à 8 ou 10 km/h, un homme était à
la barre, si le temps le permettait les autres restaient dans la « cambuse » pour se
reposer vers l’avant du bateau, on y trouvait un falot pour éclairer, un fourneau, avec le
matériel de cuisine, des couchettes, bancs etc. Le repas, soupe, pates, riz, fromage,
lard, poisson, viande bouillie, du vin, environ 30 litres par voyage, le coût était partagé.
Plus en avant encore se trouvait la « grange » où étaient remisés trinquet et foc que l’on
descendait par une écoutille. A l’arrière se trouvait le « magasin » ou l’on mettait
brouettes, cordages, câbles, chevalets de
déchargement.
Arrivé à destination, accostage souvent à cul,
relevage du gouvernail à l’aide du cabestan,
on le couchait, le déchargement se faisait
souvent par la poupe de la barque, partie
ayant le tirant d’eau le plus faible, ou lorsque
la hauteur d’eau le permettait directement sur
le quai sinon sur un chemin de planches et de
chevalets dans l’eau lorsque nécessaire,
parfois la longueur était doubler ou tripler, puis il fallait encore jouer les équilibristes sur
une planche (le mas), de plus de 15 mètres de long, épaisse (12cm) et au mieux 40 cm
de largeur au départ pour finir à environ 25cm.
On devenait carriers à 17 ans.
A Meillerie, les journées de travail étaient de 13 heures, puis suite aux grèves de 11
heures, pas de retraite, ni d’assurance. La brouette était en tilleul, bois plus léger, la
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