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PASSION JUSQU’À LA… ANCHE
Ce soir je vais dormir à la cave. Il fait trop chaud : dehors ou
intérieur, c’est pareil. Mais avant, préparation. Je me suis
cuisiné un bon repas avec un dessert préféré : un mille-feuille.
La cave de l’immeuble est d’une dizaine de mètres carrés. Je
l’ai partiellement fait aménager, il y a un certain temps parce
que j’ai un hobby : le hautbois d’amour, en… intubation. Oui, je
sais faut pas manquer de souffle.
La passion est là et je ne vais pas m’en priver même si je
trimballe ma bouteille d’oxygène sur ma chariote.
Je vais pourvoir me consacrer à ce temps musical en cette nuit
à la première porte de mon sous-sol un presque tombeau à
l’humidité reposante d’un microcosme grouillant de vies…
microscopiques…
Le décorum est suranné, à mon goût. Qu'importe, j’aime. Je
pose mon fessier squelettique dans un moelleux fauteuil violet
cardinal.
Mes étoiles sont mes notes qui vagabondent au-dessus de moi,
lumineuses. Je respire l’essentiel de mon rêve, et dessine
toutes les portées aux souffles aidés.
La musique mon seul monde qui pourtant dérange le commun
mortel à ses addictions nauséabondes et plaintes ont été
déposées à la mairie et le premier représentant, politicien à
double entrée du discours, prend la défense de futur proche
électeur potentiellement encore vivant dans quelques mois…
pas moi.
Je suis au vif de l’émotion à l’écoute de mon souffle
sifflement… d’amour instrumental. Sensations feutrées et tout
à la fois intenses dessinées par les labours de mes fibres
intimes usées mais encore gorgées d’une vie en naufrage
comme les derniers moments érigés en une sincérité qui fait
émerger quelques larmes…
Je vais voir ailleurs, me déguiser en explorateur… dans un
paradis… plus frais… dernier souffle, intonation… musicale…
et je les…